Marie Carole Thomas. Refuge

Guy Arsenault, gouache, 1984 (Droits de reproduction : Maryse Arseneault)

Mon chez-moi 

C’est plus que de la pierre taillée 

Chaque brique raconte une histoire 

Le récit de luttes et de rêves 

D’espérance et d’incertitudes 

 

       Rempart contre l’adversité et le froid 

       Il est le reflet de mon identité  

       C’est un lieu de création et de partage 

       Je me construis dans ses espaces familiers 

 

Mais mon chez-moi est fragile 

Menacé par un monde aux prix délirants 

Salaires dérisoires, loyers onéreux 

Ma famille vacille dans la précarité 

Craintive d’être délogée  

 

       Nous sommes les oubliés, les invisibles 

       Les laissés-pour-compte des Temps modernes 

       Qui broient les plus faibles dans ses rouages implacables 

       Je lutte pour survivre à ce système hostile 

 

Il me faudra pourtant le défendre 

Ce berceau de souvenirs et d’alliances sacrées 

Me blottir dans ses murs où l’espoir résonne encore 

Et protéger farouchement ce sanctuaire  

Contre un monde qui nous pousse à l’extrême limite 

 

       Je résiste et je me bats 

       Pour préserver ce qui me reste 

       Dans les décombres de ma vie, je reconstruis 

       Je deviens l’architecte de solidarités nouvelles 

 

Ici se niche l’essence de mon être  

Et de mon monde 

Dans ce refuge, je puise la force 

D’affronter les tempêtes  

Pour tracer mon propre sort 

 

MARIE CAROLE THOMAS

Texte publié dans le No 41. HABITÉ.E.S

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