Khalid El Morabethi. Le projet tentaculaire 

Je viens de manger mon premier plat, il n’y a pas que la haine dans l’âme du corps, les armes des morts, les âmes dans les morts, l’ordinaire conscience de l’âme jusqu’à mon corps.

Je viens de manger mon cinquième plat, il n’y a pas que de la haine dans les assiettes en plastique, mais aussi des petites jambes de bois, mais aussi des petites personnes qui sortent des entrailles et prennent le temps de m’expliquer les conditions. Je dois comprendre toutes leurs conditions et rien ne doit m’échapper, même la lente chute, même dans les lents jours du futur et même sur le dos de la lente chute de l’accident.

Je viens de prendre mon premier plat mais je ne le mangerai jamais, il n’y a pas que la haine dans les usines de tissage de foie, mais aussi le crépuscule qui n’apporte rien aux métaphores, la traduction est une menace, mais aussi le corpuscule qui porte les clés, je menace l’ouverture comme 1+5.

Tout marche vite dans ma tête, partout des minuscules insectes. Tout marche vite là ou ici, ce n’est pas très important. Il y a des pattes, des bras et surtout des restaurants, il faut donc manger et payer. Il y a mille ans, Tentacule m’avait dit qu’il y aura un restaurant qui est tellement grand qu’il prend la place d’une ville. Et me voici, à l’intérieur de la prophétie.

Le régime comme plat. La position de mon cas. Mon régime ne me calcule pas. Les post-it de mes pas. La discipline sur ma clé USB. Mes comportements corrigent mes erreurs. Après tout, je construis la possibilité d’une institution avec une morale. Ma propre vision de la morale. Donc, mes capacités argumentent mes cents pour cent. Mes capacités élaborent mes besoins. J’achète un portefeuille et je mets mon agressivité à côté de ma carte d’identité. Au début, il y avait une route à deux voies, un restaurant et une banque. Plus loin, je compose ma revendication.

La faim est une soupe de pomme de terre. Douce. Manger mes ongles est une habitude. La terre marche sur mes pieds. Je corrige mon ombre secondaire plusieurs fois. Je corrige mon âme principale plusieurs fois. La terre marche sur mon chemin. Je corrige mon cerveau secondaire plusieurs fois. Je corrige mon corps principal plusieurs fois. La terre marche sur mes pensées. La faim est une excuse. Manger mes ongles est un contrat d’approbation. La terre marche sur mes nerfs. Je corrige mes six tentacules principaux plusieurs fois. Je corrige mes consciences secondaires plusieurs fois. Je ne mourrai pas de la peste, c’est impossible, je serai sauvé, je serai au milieu d’un milieu principal. La faim est un exercice. Manger mes ongles est une figure parentale. La terre marche sur un clou en bois. Je corrige mon malaise principal plusieurs fois. Je corrige mon respect secondaire plusieurs fois. Je me souhaite toujours une mauvaise nuit, je suis pour mon progrès et contre ma faiblesse. La terre marche sur des bibliothèques remplies de livres vides. Je suis donc pour la guerre entre tous ces principaux pions à l’intérieur de ma boite humaine, tous ces différents camps qui s’opposent et qui m’obligent à tout corriger plusieurs fois.

« À table ! » Je peux parler correctement quand je goûte du chocolat mélangé à du sang. Je pense que je peux me vomir, correctement. Je suis contre la guerre contre ma paix.

La farine se mélange avec mon propre sens, avec ce que je veux vraiment dire. Je crois que je peux construire un château dans mon esprit. Le scandale m’intéresse. La présence vulgaire de ma pupille droite est sculptée par la rage. De la fumée sort de mes nombreuses jambes, comme l’examinateur qui a déchiré mes pages.

« Mange tes patates, pas de viande, cannibale. » J’ai oublié ce que ça fait quand la peau que je porte ne me va pas, je m’intéresse à toutes ces grosses valises noires.

Dans la cuisine, Tentacule prépare un troisième repas.

Les clients me frappent, ils n’aiment pas mes anciens poèmes, ils ne veulent pas que je les chante, ils ne veulent pas que je m’absente, ils veulent que je sois le meilleur cuisinier du monde, ils veulent que mes plats contrôlent ma conscience et que quand je suis heureux, je devrais avoir honte. Le stress, c’est mettre sa main là où il ne faut pas et attendre qu’elle finisse de brûler. Au restaurant, les clients sont enceints, et la pluie ne cesse de sonner. Le stress est une machine difficile à comprendre et à faire fonctionner, le stress, c’est trois fois qu’il appelle sans repos, le stress offre un salaire possible et des fleurs à la place des impôts, le stress est un élève de CM2 amoureux de sa maîtresse qui va à l’école tous les jours pour éviter de penser à sa tristesse. Les clients ne jouent pas aux dames, ils sont sérieux car la comédie est un drame. Le vent ne cesse de frapper à la porte. Le stress, c’est creuser des tombes et écouter les morts parler de leurs problèmes sans offrir un sourire. Tous les clients s’habillent pareil et ils commandent tous le même plat, ils veulent que je prenne des calmants qui ne calment pas mon cas.

Khalid El Morabethi

Texte publié dans le No 37. La patate

Aller au contenu principal