Un jeune loup chuchote dans l’oreille
de sa vieille victime
devenue âgée.
Ce fou reconnaît la voix de son loup
qui vient mettre le trouble,
qui vient lui offrir l’idée
de suivre son désir
éveillé lors de la prononciation
de ses anciennes paroles.
Dès que sa manie sort de ma bouche,
ce fou se met à me chasser,
m’implorant de le quitter voir
comment j’ai reçu la rumeur,
de lui montrer comment
je me suis trouvée dans le courant des airs
portant l’écho de son cri.
Son loup le mène vers moi,
et leurs regards convergent.
Le meneur pousse le regard du fou
à glisser discrètement
en dessous des battements de cils.
Le meneur de loups dirige son regard
à descendre ma figure.
Ma nuque.
Ma poitrine.
Mon bassin.
Tous drapés de mousseline,
tous perlés de rosée.
La chaleur de mon haleine
s’était réchauffée la veille,
dans les bras de l’archer.
Je souffle vers l’archer
une graine de mon secret.
Fffiouuu… « Le loup me chasse asteur. »
L’archer vise d’autres cibles,
même sachant que le meneur de loups vient
mettre notre prophète à mes pieds.
même sachant que ce fou sage
s’est fait mordre par son loup.
Et il veut m’extraire des inspirations
qu’il a introduites.
Et il veut en introduire d’autres.
Et ça me tracasse.
Mais après tout,
l’archer sait mon envie
de courir après les loups.
Bayou Saint Clair, juin 2021
Le meneur de loups est une figure du folklore français qui dompte les loups, et qui paraît sur le chemin des passants la nuit. Ses loups mènent le passant à sa destination pour un prix.
Rachel Doherty
Texte publié dans le 30e numéro Traces. Rencontre Nord-Sud