Roselyne Albert. Correspondance 1

Lettre de Roselyne Albert adressée à Gérald Leblanc


Moncton, 13 septembre 1994

Hi Gerry !

Comment New York te traite comme disent les Anglais ? Raconte-moi tes péripéties ! As-tu pu prendre un café avec Nina Simone, yet ? Dans ta dernière lettre, tu me demandais si j’écrivais de nouveaux poèmes. Comme tu le sais, la parution de La soif des ombres est devenue un fardeau trop lourd à porter. Évidemment, à part Maurice, toi et moi, personne ne connait notre secret supercherie. J’ai tout de même un blocage que je ne peux surmonter. On dirait que Roselyne Albert ne peut plus écrire. En fait, je n’ai plus rien à dire de nouveau. J’envie les gens comme toi qui ont la plume facile. En plus d’écrire des lettres à tout le monde, tu continues ton œuvre poétique. Parlant d’œuvre, que se passe-t-il avec Moncton mantra ?

Tu sais Gérald, je commence à croire que Virginia Woolf avait raison. Réunir les conditions minimales pour écrire en tant que femme demeure ardu. Surtout dans cette Acadie que j’aime et qui m’exaspère en même temps.

Bon, je ne veux pas casser ton party américain. Reviens-nous vite avec plein de nouvelles idées. Peut-être que tu pourras me remonter le moral créatif en personne !

Love

Roselyne

Roselyne Albert Benoit Doyon-Gosselin

publié dans le numéro 38. Hommage à Roselyne Albert

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