Joannie Thomas. Mon corps, ce n’est pas le tien

France Bergeron, Memento pour l’humain, encre et crayon.

TRIGGER WARNING

Pour toi, mon amie
je n’oublie pas ta douleur

Dans mon corps de femme
Je veux dire
d’humaine
Je veux dire
de matière organique vivante ayant une conscience

FUCK

Quand enfin je ne tremble plus
À l’idée de posséder un vagin
Ou des petits seins
On me dit qu’une femme
ne se définit pas par ses organes génitaux

On me brulait vive
Pour posséder les cheveux roux
Le regard enjoleur
La médecine des plantes
On me brulait vive
Pour savoir lire les étoiles
Recevoir la divination
Suivre mon intuition

On me viole
m’empêchant l’avortement
On me viole
me réduisant au silence
On me viole
me disant que, dans le fond
i was craving that D

j’avais « cherché pour »

24\7
fermé ma yeule
Ma grande yeule
Ma djeule de cochonne
pour recevoir l’osti de pain béni
Par le grand dieu du Boys Club

On est-tu dans les années ‘50 icitte ! ?

Mes tripes en feu
Mes entre-jambes en volcan
La honte me ronge comme la gangrène
Son empreinte putride me sort par les yeux
Comme une citrouille pourrie

J’aurais préféré jouer à la sorcière

Je touche mon visage
comme ma mère a jamais su le faire
Ferme les yeux
me rappelle
combien je suis aimée
Malgré tout

Joannie Thomas

Texte publié dans le No 36. En corps

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