Dominique Sacy. 0111100010

JOEY MONEY

011100101. Ben non, c’t’une farce (il se trouve drôle).
J’pas un robot. J’suis un humain ben ordinaire qui a cartographié son cerveau pour transférer toutes ses données cérébrales dans un cerveau artificiel pour télécharger son âme dans des avatars pluggés su’l world wide web wifi.
En gros, j’ai uploadé ma personnalité, ma mémoire, tout c’qui m’définit, dans une base de données et j’m’upload dans des robots-enveloppes-corporelles.
Entre vous pis moé, ça, c’est c’que j’dis a’ police des âmes. En vrai, j’loue pas mal plus des vrais corps que des robots.

Commençons par le commencement. Pour avoir accès à l’éternité,
l’modèle de base c’est d’mettre ton cerveau dans une boîte.
Là, y’arrête de vieillir, parc’qu’tu transfères ses données dans un cerveau-mécanique. Rendu là, t’as accès pour toujours au… (il laisse un temps à la foule pour répondre) wifi. C’est pas pire, mais entre vous pis moé, j’deviens pas éternel pour r’garder des films, écouter d’la muse ou lire des livres haha, lire des livres (l’idée de lire des livres le fait sourire). Tu vois c’que j’veux dire, mon trip, c’pas d’me clancher l’œuvre intégrale de Kant. C’est plus girls girls girls !

C’est là qu’t’as besoin d’un corps. Shout-out à mes ingénieurs qui inventent des avatars, vous êtes ben fins, mais on fait l’tour assez vite. Non, mais c’est vrai, y’a des robots-enveloppes qui courent vites, d’autres qui respirent sous l’eau, y’en a même qui se déplacent en faisant la roue, la Ronde à l’année longue comme qui disent, mais y’a rien comme les histoires que raconte la mémoire du corps (poétique, plus lent). Le corps des gens, c’est la bible que j’lis à chaque jour. Osti, j’suis rendu poète (il se trouve hot et légèrement drôle).

Non, mais avez-vous déjà été dans l’corps de Mike Tyson (il brague, c’est pas une vraie question, il répond vite) ? Moi oui, pis m’a vous l’dire, c’est crispé en titi. J’préfère bien plus résider dans une jeune yogi. L’écoute que ces corps-là ont c’est… ah (détendu). Le vent fait vibrer la peau, l’eau chaude ramollie jusqu’à tes organes internes, c’est vraiment fait pour accueillir, de vraies éponges à vivre. Aaahhh, si les poètes étaient millionnaires, j’aurais pu faire ça comme job.

Mais j’sais comment y m’imaginent les gens, quand j’leur parle d’assouvir sa physicalité. Y pensent que j’pense juste à : (chantant)
« Na-na-na, come on/ /Na-na-na, come on, come on, come on/Nah nah nah/Feels so good being bad (oh-oh-oh-oh-oh)/There’s no way I’m turning back/’Cause I may be bad, but I’m perfectly good at it/Sex in the air, I don’t care, I love the smell of it… ».

Dominique Sacy

publié dans le numéro 39. Corps-texte  : mécaniques

Aller au contenu principal