Sue Goyette. Pénélope (extrait)

traduit par Émilie Turmel

EN

Je m’éveille sans nom. Sans aucune question ni tourbillon
de répliques. Je m’applique à résoudre le dilemme

avec diligence. Les feuilles que j’avais cousues se sont tordues
jusqu’à s’arracher des arbres. Elles ont passé date, passé le passé,

et se dissolvent. Mes rêves, reluisants comme des fruits en conserve,
brunissent dans le caveau de la nuit. Ce nouvel habitat,

trop rude pour ma voix, ne leur confère que peu ou pas de saveur.
Je tente de traverser les jours, légère tel l’oiseau qui court. Je force

mes pas, les précipitant comme pluie. Mais la vie entassée sous les heures
demeure. Ma boîte à bijoux n’est qu’un autre petit cercueil vide.

Sue Goyette

Traduit par Émilie Turmel

Texte publié dans le No 35. Encrages et recollages

Extrait de Penelope : In First Person (Gaspereau Press, 2017)
Traduit avec la permission de l’autrice

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