John Thompson, Ghazal I

traduit par Sonya Malaborza

EN

À présent que tu as brûlé tes livres, tu partiras
sans rien d’autre que ton cœur aveugle et stupéfait.

Sur l’hameçon, de grosses truites gisent comme des pierres  :
terrifiées, elles fouettent farouchement la tête, imperturbables.

La cuisine, une femme et du feu  : peux-tu
t’en passer, ton sang plein la bouche ?

Laine rêche, cuir tanné à l’huile, duvet d’oie de première qualité,
et un œil dur, tellement dur.

Songe à ta maison : à cet instant, homme tendre et bête,
tu parles, elle tombe. Et ta femme.

C’est la chose parmi toutes les choses, l’essence
de toutes les essences  : un grand harfang des neiges, une blancheur.

John Thompson

Traduit par Sonya Malaborza

Texte publié dans le No 35. Encrages et recollages

Extrait de Stilt Jack (House of Anansi Press, 1978)
Traduit avec la permission de la succession de John Thompson

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