Quand il n’y a pas
d’autres mains
à portée de souffle
mes doigts s’étirent vers
le vide qui me pèse sur la tête
J’accroche ma main au rocher de nuage
Il se désintègre aussitôt
sous mon emprise ratée
je fais aller mon bras dans les airs
pour empoigner quelque chose
n’importe quoi parce qu’aujourd’hui
J’ai peur quand je regarde dans le miroir
Il me jette le portrait d’une femme-pierre
une intransigeante catégorique
une statue qui savoure son agonie
ruisselante des larmes de cumulonimbus
la pluie éternelle de son ascension
Ma douleur a couleur de fleuve étrange
Pourrai-je un jour la déceler, la changer ?
devenir marathonienne aquatique
briser la rigidité de mes membres
libérer mes poumons
respirer sous l’eau
Amber O’Reilly
publié dans le numéro 33. Cris de terrestres