parce que à quoi bon
le monde en est plein à craquer
parce que qui je suis
pour penser que ce que je pense
gagne à être écrit
parce que peur que l’essai
se transforme en échec
et l’échec en montagne
parce que peur de toucher
à quelque chose
alors que je viens juste de ranger
parce qu’il fait soleil
parce qu’il fait pluie
parce que envie d’en parler
avec autre chose que mots
comme danser
les saisons qu’il n’y a plus
parce que peur
de ressortir du poème
un nouveau feu dans la poitrine
parce que peur
des yeux des oreilles des bouches
des gens
parce que peur des gens
qui savent pourquoi et pour qui
la poésie
parce que le téléphone sonne
que je ne réponds pas
comme
le silence se fait
en moi
parce que le vide m’avale
parce que faim moi aussi
parce que envie d’un petit pain
au chocolat
ou de tes bras
que ni chez toi ni chez moi
on ne dit « petit pain au chocolat »
mais que ce n’est pas
le même endroit
parce qu’il fait jour
parce qu’il fait nuit
parce que pas envie de jouer
avec l’interrupteur
ni avec les ombres
plutôt avec le chat
parce que peur de m’apercevoir
que la ligne d’arrivée
est la ligne de départ
*liste non exhaustive
Myriam OH
publié dans le numéro 32. J’écris ton nom