Louis-Karl Picard-Sioui. Hey Cowboy !

Hé, Cowboy !
Les journées s’écoulent comme ton fond de poche ?
Tu veux combler le vide de ton existence ?
Joins-toi à la cours des grands !
Dans no time at all, t’auras ton propre Monster Truck
Aweille embraye !
Installe-toi dans le carré de sable, Cowboy, pis creuse…

creuse
creuse tasse vide coule
creuse un trou dans notre conscience creuse
transperce l’Canada d’un bout à l’autre de nos délires
creuse pour extraire la mort noire
creuse parce que ça suinte pis que c’est beau
pis que c’est bon d’avoir le dernier mot s’a raison

creuse tasse creuse coule
coule la moelle tellurique bouscule l’horizon
tasse les Anciens pour passer le tube à poison
creuse tasse creuse passe
-leur un pipeline dans le creux de la mémoire
coule les os innominés pétris en mélasse pour junkies

Prends ta pelle Cowboy pis creuse
fracture notre mère juste parce que tu peux
creuse le fossé qui nous sépare d’la rédemption

creuse tasse coule creuse
chauffe la marmite pis dope notre hiver
tasse tes regrets parce qu’y est déjà trop tard
quand l’café goûte le rat mort dans ta
tasse tes doutes tes souvenirs des quatre saisons
coule les profits parce que l’progrès coûte
un bras pis une jambe pis les yeux
d’un flot de têtes qui roulent sous la gloire de ta pelle

creuse parce que c’est tout ce que tu sais faire
de ton âme creuse pour ton ventre creux
pis de tes poches creuses
pendant qu’on planifie notre expansion de locuste
sur la Lune pis Mars pis Alpha Centaury
parce que l’avenir voit creux
pis qu’y vaut mieux remplir le creuset
à grand coup de dilbit pis
être les Kings de l’Apocalypse
qu’être là à
chômer pis à
chigner pis à
être un nobody

faque creuse
p’tit vaurien
creuse

 

Louis-Karl Picard-Sioui

Poésie : Adresse au Mangeur de Mondes
Réflexion critique : L’aventure poétique anti-tubulaire vue par une amibe

Texte publié dans le No 16. Déversements.

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