Paul Ruban. comment maquiller un enfant en temps de pandémie

éteindre toute musique
s’asseoir sur
un marchepied Ikea
de sorte à être
à la hauteur
des yeux

poser la question

            qu’aimerais-tu, mon grand loup ?

attendre la réponse

            une lune bleue… là
            un soleil jaune… là

tremper doucement
le crayon dans l’eau
            { une larme ou deux
            font aussi bien l’affaire }

s’avancer
si près du visage
que vous pouvez
sentir sa respiration

            ne bouge surtout pas !

voir
l’intimité
d’un silence
ponctué de
souffles
faire chavirer
l’univers

tendrement
mais sûrement
dessiner
un croissant de lune
sur une joue
douce comme pêche

un soleil
sur l’autre joue
douce comme pêche

admirer
son air
de m’as-tu-vu
la fierté fébrile
de son sourire

            mais arrête de gigoter !

essayer
d’auréoler
le soleil
de rayons
sans penser
au virus
à couronne

et
une fois
le soleil fini
y poser
un long baiser
les yeux fermés
dans l’espoir
d’en imbiber
la lumière

 

Paul Ruban
Texte publié dans le No.24 ((Libre))

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