Jonathan Roy. Pour en venir au pipeline (1)

EN ESSENCE. Retour en trois temps sur les traces volatiles d’une création collective

Jonathan Roy. Fuites – Les pipelines se couchent à l’est. Crédit : H. Matte

Pour en venir au pipeline

On est en octobre 2016 et la lumière de l’automne
inonde mon appartement de bord en bord.

Je viens de raccrocher le téléphone : avec Isabelle Forest,
on jasait de ce que serait cette première résidence de création littéraire Acadie-Québec,
née d’un rapprochement entre la Maison de la littérature et
le Festival acadien de poésie de Caraquet1.

Le spectacle littéraire étant un genre peu exploité chez nous,
c’est sûr que si on pouvait amener des auteurs que ça fait triper à en explorer la forme
ça pourrait juste faire du bien. Pis avec une belle portion de notre monde qui souffre
de difficultés en lecture, c’est peut-être un moyen parmi d’autres
de forcer un peu plus la poésie dans le cœur du bobo,
de lire sans que ça fasse trop mal.

Donc on est en octobre, la lumière inonde, le show est dans cinq mois
et on doit trouver un sujet unificateur maintenant,
un lieu commun qui nous traverse de peuple
en peuple.

Hasard du moment, mon portable est ouvert sur un article :
pipeline, jobs, Irving, opposition, pipeline, etc.

Sans conviction, je lance l’idée du pipeline.
Pour la symbolique de ce qui nous traverse
et les réseaux d’imageries qu’il ouvre,
simplement. Sans biais particulier,
sans arrière pensée militante d’abord.
Juste le tuyau et ses métaphores.

L’idée colle.

Ce serait à nous, les auteurs,
de choisir ce qu’on en ferait.

Et c’est là
toute la beauté
multiple et fuyante
de la littérature.

 

Jonathan Roy 

 

C’est d’abord en raison de mon implication au Festival acadien de poésie qu’Isabelle Forest m’approchait, pour que nous nous joignions au projet en accueillant le spectacle. Ma présence au sein du groupe d’auteurs est venue plus tard, à sa suggestion, pour que mon vécu de l’intérieur puisse servir à porter le projet plus loin par la suite.

Poésie : couler ; pourquoi tu pleures
Réflexion critique : Le printemps de quelque chose (2). Varia – Dans l’après de l’autre automne et de la beauté des imprévus (3).

Texte publié dans le No 16. Déversements.

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