Il y a 4600 km entre Hardisty, Alberta et St John, New Brunswick
4600 km de terre, de lacs et de forêts à traverser par une canalisation en acier, sulfure, sillicone, cuivre et chrome.
Un beau gros banquet explosif
Un réseau de veines gonflées à bloc comme un obèse shooter à l’EPO qui sue à grosses gouttes en s’empiffrant.
L’élasticité a ses limites mais pas les astuces pour convaincre qu’il n’y a pas de danger pour la santé
4600 km d’un repas gargantuesque, du beurre pis de la crème pour te gaver et où le mot d’ordre est de tout prendre sans rien laisser.
4600 km d’amitiés de pipeline à entretenir au prix d’un ascenseur renvoyé de gros bonnets à satisfaire de politiciens à inviter d’associations de firmes expertes en machinerie lourde de chambre du patronat de la résidence du troisième âge bien outillées pour conseiller en matière de fuites les Pom Pom Girls en hystérie où la facture promet d’arriver à temps franche et sincère comme les poignées de mains fuyantes sur son parcours
4600 km d’une note salée où la nausée des rivières s’épanche dans les mensonges de sous-produits toxiques enrobés d’un nanane de fin de repas
Les statistiques fuient au rythme des contrats signés bien arrosés
La négligence de l’entretien évente à plein
La faune se meurt
Plic et ploc sont en tabernacle
mais on n’en parle pas
la panse ben pleine
le cash coule à flot
Poésie : 4600 km
Réflexion critique : La ruée vers l’Est
Texte publié dans le No 16. Déversements.