Guy Arsenault, gouache, 1990 (Droits de reproduction : Maryse Arseneault)
je l’sais pas djâbe
plus qu’un autre
pourquoi à soir a d’l’air
de prendre l’eau
pourquoi nos noms shinent dans l’suage
entre les cils lâchés du châssis
les brûlots sont fauves
la peau te feule
pour te défaire
et je sheer du câlisse
dans tes yeux trempes
je l’sais djâbe pas
ça doit être à cause
des morceaux de screen
arrachés dans la nuit
par le chat jamais revenu
lancé dans l’univers
présumé mort mon doux
depuis avant notre temps
mais t’sais god knows
pis je l’sais djâbe pas plus
mais au moins ça laisse rentrer
la bonne air
autant que ça me démange
de dire au divan de faire ses griffes
ailleurs que sur nous autres
la prochaine fois
même si on est faite fort
même si c’est ok d’brailler
même si ça me démanche
de savoir mais
je l’sais djâbe pas dans l’fond
on était même pas encore arrivés
la dernière fois
que la chambre a été refaite
dans les murs on aurait trouvé :
du bran de scie l’évangéline
des pipes de copper
un baggy de moisi
des vides bues à la presse
nos vices cachés avant notre arrivée
dans la toux noire de la tapisserie
l’humidité sent la cave
l’odeur de smoke par gros soleil
les silements ressemblent au vent
le feu remplace les bronches
les symptômes dans le tapis
mais c’est ok d’brailler
entre les moins bonnes journées
une bonne journée je
finirai bien par bien finir
la job que j’avais commencée
par me refaire
par me ramasser
je suis un mess mais je
finirai bien par l’absorber
par le boire jusqu’au rose
des yeux presqu’à juin
par me laver à la hose
mes bleus presqu’à jeun
jusqu’à détremper mes tissus
ma charpente mal framée
mes faiblesses aux seize pouces
for we are made of old kleenex
mais un jour je
finirai par casser
la fenêtre qui me seal de
filer la pluie
je finirai
par lâcher
que finalement j’aime ça
quand-ce que l’averse nous détrempe
pis la manière que la pluie nous déforme
par la vitre quand-ce qu’on se regarde danser
dans le mascara coulé
soakés d’brailler
au milieu du lawn
la joie à boire deboute
un hard reset
chenous
c’est ok d’brailler
quand même rances les silences
défilés m’émeuvent
quand l’air de d’hors démange
quand les nerfs raboutés font de leur mieux
pour garder la chaux sur les murs
loin des peaux trempes
de sueur de peine pis d’misère
pis écoute la shot :
le squall passé à travers d’auto-tune
la saison des feux à travers du screen
ont brulé des cicatrices dans mon poil
enjambent l’hiver s’enfargent
dans les boutes à joindre
les fleurs dans l’tapis
la musique dans l’tapis
les restes à poubelle
pis check par la vitre check
le ciel c’est tu pas beau assez écoute
la toune c’est tu pas
beau assez
pareille
la manière que les étoiles
déchirent dans nuit
c’est tu pas beau assez
pour passer au travers
partir de chenous pour se rendre
jusqu’à chenous
quelque chose comme ça
de doux comme un chien qu’on a aimé
comme un chien qui reviendrait
juste pour dire que
rendu là nos rages
auront peut-être mis les habits noirs
de leurs fatigues mais que
nos yeux
garderont le tranchant
de la broche après les cutters
et on dira encore rage
mais on voudra dire
peine
comme on plante l’épouvantail
pour dire la peur de la faim
comme le mycélium jeûne en attendant
un prochain locataire à digérer
entre l’humus et les loyers passés dûs
entre le terrain vague et le ménage à finir
dans le fridge pis dans la gorge
les projets passés date pis
rendu là la lumière
prendra peut-être position contre
toute attente entre
un socket lousse
et le gamble d’un fil mal isolé
un hard reset
chenous aura raison
de chenous
je l’sais djâbe pas
c’est ok d’brailler
écoute la toune
encore
JONATHAN ROY.
Texte publié dans le No 41. HABITÉ.E.S