Paul Bossé. Tonton Dédale

ARIANE (Vanessa Bell)
Sur l’île de Naxos, j’dormais même pas.
Du coin de l’œil, j’observais les voiles noires du navire disparaitre à l’horizon.
J’avais jamais autant remercié le vent de souffler à plein régime dans des voiles.
Thésée était enfin parti pis surtout, j’étais pu à Cnossos avec ma famille fuckée !

Tonton Dédale était un bricoleur fou, un spécialiste de cadeaux extravagants.
Son plus fameux était certainement les ailes en cire qu’il a confectionnées pour son fils Icare ou iCARE comme il se faisait appeler.

Quand j’ai eu 8 ans, Tonton m’avait assemblé une radieuse piste de danse
en plein air avec des méandres labyrinthiques incrustées dans son marbre blanc.
À tous les jours, j’exécutais des pas de plus en plus complexes
sur une surface située à peine six pieds au-dessus de l’étrenne extravagante
qu’il avait offerte à Astérios, mon frère devenu Minotaure, pour son baptême :
un Labyrinthe sans issue.

Dédale, il était obsédé, par son propre cerveau.
Chacune de ses réalisations étaient en quelque sorte un facsimilé
de sa forteresse grise.

Pour satisfaire la vanité dévergondée de mon père Minos,
Tonton lui a dessiné les plans d’un palais de 1300 pièces avec bien des couloirs et des passages et des escaliers et des vestibules et des antichambres
et d’autres couloirs encore…

Mais sans conteste, le cadeau le plus bizarre de Tonton
c’est celui qu’il a livré incognito à ma mère Pasiphaé après le gros fiasco
entre son mari pis Poséidon.

Dédale avait donné à Maman…
j’hésite à continuer…
Dédale avait donné à Maman…
un costume de vache hyper réaliste et anatomiquement correct…
parce soudainement Maman avait le béguin pour…
le taureau sacré à son mari !
Je vous laisse compléter la scène.

En me réveillant de ma sieste naxossienne, à peine 666 graines de sabliers s’étaient écoulées depuis le départ précipité de Thésée et voilà que, déjà,
arrivait un riche vignoble du nom de Dionysos.
Il m’a tout de suite demandé si j’voulais me changer les idées.
Même si c’était un bum, j’ai accepté.
Parce lui il savait comment avoir du fun !

Quand je l’ai épousé, il m’a offert un cadeau qui surclassait même
la plus faramineuse des offrandes de Tonton Dédale : une constellation.
Dans le langage des Dieux, ça, c’est ben plus qu’être Queen,
ça veut dire l’immortalité baby !
Merci INIFINI.

Paul Bossé

publié dans le numéro 39. Corps-texte  : mécaniques

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