Cindy King. crescendo

traduit par Magalie Albert

EN

Consent, mais y’a jamais rien eu comme ça.
Comme si quand un garçon te taquinait, c’était seulement parce que t’étais de son goût, 
Mais si tu le taquinais à ton tour, tu disparaissais. Comme si
te faire traiter de slut te rendait plus importante 
et whore te redonnait la voix. C’est magique, tu vois ? 
Comme si ta peur des hommes pouvait te faire
marcher sur l’eau, comme si en te touchant
on pouvait te déchirer en deux. 
Une division longue (cherry pie filling), deux versants de toi
dissociés à jamais. 
Comme si tu ne pouvais plus respirer sous l’eau,
et faire surface n’était plus une option. Tu cracherais
et crépiterais et ferais les calculs. Les données s’additionnent :
chercher pour + courir après = le mériter. Si A est vrai, B l’est aussi.  
Ajoute. Soustrais. Divise. Vas-y, multiplie. 
Laisse-les changer le plomb en or, 
dire les noms secrets de Dieu, 
l’antiseptique, le vent et l’eau sur ta peau qui érodent ton corps de femme détenteur d’un certain pouvoir… 
C’est parfaitement sain, normal même : prédateur/proie, règne animal. 
Comme si le rape n’était jamais vraiment un rape,  Comme si tu étais silencieuse, assez silencieuse, et soudain tu criais très fort.

Cindy King

Traduit par Magalie Albert

Texte publié dans le No 35. Encrages et recollages

Texte paru dans la revue The Fiddlehead, no 291, au printemps 2022
Traduit avec la permission de l’autrice

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