rubus chamaemorus, chicoutai ou chicouté
habite la toundra arctique
la forêt boréale
pétroglyphes anthracite
tavelés d’opacités
martèlent le solstice
le jour tarde à venir
la banquise filtre
les effets
du soleil pâle
la pierre s’éteint
entre le pouce et l’index
betula papyrifera, nom commun : bouleau à papier
meubles, planchers, moulures
peut vivre 200 ans
est-ce un mirage
un détournement des sens
combien de fois me faudra-t-il
mourir
avant que la blancheur
stridente
m’avale
avant que tout
disparaisse ?
épilobium
aide à guérir
qu’est-ce que je fais ici
moi,
enfant du sud
à jouer de lueurs
à humer la fragrance
de l’épilobe
en contrebas ?
amélanchier canadensis
amélanches, petites poires
confiture
glace et lumière roulent
à nu
vers la courbure du temps
par vagues intermittentes
je ne fais que passer
je laisse peu de traces
syringa vulgaris, appelé aussi lilas commun
originaire des Balkans
hémisphères inversés
sous la paupière
la forme d’une goutte
durcie
vastitude
à la naissance du rose
je suis sans voix
lupinus arcticus
peut pousser sur du gravier
le bleu domine
je souffle sur la neige
explose en poudrerie
la fuite se prolonge
plus loin
le fruit de givre
douceur indigo
dans ma bouche
dryas integrifolia ou octopetala, dryade à huit pétales
vivace
famille des roses
l’envers du miroir
morceaux de verre éclatés
que le soleil fait fondre
une étincelle blesse
ma cornée
je remonte sans cesse
vers le nord
une obsession
le parfum de la toundra
Flavia Garcia
publié dans le numéro 34. Jardins divers
Image : Marika Drolet Ferguson VM01 à 10, numérisation d’une pellicule 35mm couleur, 2014