Mirer des portes de garage
Frapper dedans au gun à patates
Prendre son air égal
Courir sur les pierres coupantes
Pas se poser de question
Suivre le souffle des rivières
Comme la puff de butane
Embrasser l’impact
S’accoupler aux blessures
Se nourrir des éraflures qui endurcissent
Et de la chair éclatée
Téter son sang pour pas pleurer
Parce qu’il faut se faire mal
Pour apprendre à se faire du bien
Foncer dans le tas
Sans se poser de questions
Se confronter aux Anglais dans le parking de l’aréna
Entrelacer les poings et les visages
Se marcher sur le cœur
Parce qu’il faut être en crisse
Pour savoir dire « je t’aime »
Parce qu’il faut croiser les pas et esquiver
Pour comprendre que la langue
Est une clôture qui se saute pas
Les murs résistent mal
Encore moins les mémoires brulantes
Il est toujours mieux de s’asseoir pour parler
C’est ce qu’on dit qui doit se tenir debout
Espérer les voir bruler
Pour finalement se consumer ensemble
Se consommer jusqu’à l’ivresse
Se remplir jusqu’au bouchon
Mieux s’habiter le dehors
Accepter les vitres fumées
Les reflets et les portes barrées
Frapper dans le tas
Pas se poser de question
Embrasser l’impact des cœurs étouffés
S’accoupler aux blessures
Parce que sur l’écorce de ma langue
Je sens se faner les fleurs de nos paroles
Et tomber les pétales arrogants
L’heure du révolutionnement se cristalictise
Dans le fond
Si je varge
C’est parce que je sais pas m’excuser
Je parlerai jamais comme toi
C’est peut-être une bonne chose
Rien pousse sur l’écorce
Qui sait pointer dans la bonne direction
Mais tes silences émergent
Comme de la mousse de billot
Pis ressemblent étrangement aux miens
Pour guérir
Faut déjà accepter qu’on va pas bien
Pour fermer les plaies
Faut savoir où elles sont
Et jeter les pleurs avec l’eau du bain
Icitte on cohabite pas comme du monde
On pointe pis on ferme les yeux
Quoi tu dirais si on se passait le savon noir
Dans la yeule
Chacun notre tour
Pis qu’on pointait dans le même boute
On va caller le taxi
Pis l’envoyer à la Commission
Il nous cartera pas
Sébastien Bérubé
publié dans le numéro 33. Cris de terrestres