Myriam OH. Le monde, pareil au parc d’en bas,

avec ses gens debout avec ses gens couchés
avec ses gens en marche
et à l’arrêt
avec ses gens en mouvement même
dans l’immobilité

Le monde, pareil au parc d’en bas,
avec ses sentiers où ça court où ça marche
où ça tombe
avec ses bancs où ça rêve où ça attend
où ça pousse
avec ses planques où ça cherche où ça trouve

avec ses aires de jeux
où ça se fait la guerre
avec ses aires de repos
où ça refait le monde

avec ses airs patibulaires avec ses habits
du dimanche
avec ses airs d’en être revenu
et s’y perdre encore

Le monde,
pareil
au parc d’en bas,
avec ses amours qui se font
avec ses haines qui s’étouffent
avec ses éclats de voix avec ses grandes douleurs tues

avec ses mots avec ses gestes retenus
ou lancés
avec ses chiens
tenus en laisse
avec ses chats
errants
avec ses gens
qui en font partie
avec ses oiseaux à qui le parc appartient
tout entier

Le monde,
pareil
au parc d’en bas,

et moi sur ses sentiers qui suis mes pieds
qui eux-mêmes
suivent mes pensées et moi qui fais le tour
du parc
de ma vie et du monde

et toi qui n’es nulle part
mais toi qui es partout

et moi sur ses bancs qui attends de ne plus attendre
qui pose mon regard sur le monde,
pareil au parc d’en bas,
sur ses gens dont je fais partie
en imaginant tout comprendre à partir d’une photographie
faite à quatre heures de l’après-midi

Le monde, pareil au parc d’en bas,
qui ignore la ville autour de lui
qui change de visage la nuit
avec ses jeux d’images qui laissent la place à la sensation
d’appartenir à un grand tout

capable de nous tuer
capable de nous porter

au-delà de nous.

Myriam OH

publié dans le numéro 32. J’écris ton nom

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