Il allait lui raconter l’histoire. Il
allait toute y dire. C’est ça qu’il se disait en marchant au café
en commençant à marcher en direction du café. Vers le café – à traverser
le parc, le carré pour
lui raconter l’histoire. Il
allait toute y dire. C’est ce qu’il se disait en marchant au café
en commençant à marcher en direction du café. Vers le café – en traversant
le parc, le carré pour le café. « Il », « Lui », c’est Pardo
c’est moi. Je suis le personnage et
son auteur – en même temps ; la première et la
troisième personne du singulier, c’est moi
qui se dit ça en traversant le carré pour me rendre au café ; j’me vois encore.
Traverser. Marcher. J’me souviens de ça.
Il allait lui raconter l’histoire. Il
allait toute y dire.
Pas à toi, lectrice, lecteur, à elle –
elle qu’est restée au lit, qui dort, qui attend son café, qui l’attend
qui ne sera peut-être plus dans quelques pages, j’sais pas.
C’est ce qu’il se disait en marchant au café
en commençant à marcher en direction du café. Vers le café – en traversant
le parc, le carré pour un café. Il allait toute y dire mais – pourquoi ?
c’est trop de temps dire les choses, elle n’avait pas de temps
ne voulait même pas rester
c’est moi. C’est moi qui veux toute y dire. C’est moi
qui ne veux même pus rester. Il allait toute y dire c’est moi qui se dit ça
en traversant le carré pour me rendre au café ; j’m’y vois encore.
Traverser. Marcher. Je me vois, là.
C’était le matin,
Il n’y avait pas de brume. J’oublie les détails. Il m’arrive que
c’était l’automne, d’autres fois que c’est l’été
Le soleil brille, fort – le matin
clair, petite brise. Le carré est le carré de tout
les squares de toutes les villes
latines des Amériques, c’est le carré
de Santa Rosa qui n’est pas le même, que
celui que j’ai croisé
vrai ça, c’est moi qui le dis et moi c’est Pardo
comme celle qui attend couchée sur le lit, comme chacun qui parlera
qui ne le « dit » pas à quiconque vraiment, parce que
parce que
Pardo est personnage
est pris, lui
dans l’histoire
Georgette LeBlanc
publié dans le numéro 32. J’écris ton nom