André Muise. À Freetown

une femme débarque de la gare non-existante de Freetown
droite devant mon logis
vient de sortir de prison, dit-elle
prise pour ivresse publique
astheure elle est en zone libre freetownienne
son corps dans la quarantaine
charriant des yeux une miette aveugles
usés comme un cent noir qui traine sur les tracks
écrasé par l’horaire aléatoire des trains
à coup de décennies

« it’s easy to party your life away, especially in Louisiana »
un bâton supporte ses pas temporaires
et la légèreté de ses poches
vidées de ses seuls 18 $
par quelqu’un de prétention humaine

avant son arrivée
grous bruits lointains sont venus galoper
sacs lointains qui s’éclatent
bombardements pléyant l’air
quelque part
au loin
l’autre bord du chemin de fer

André Muise

Texte publié dans le 30e numéro Traces. Rencontre Nord-Sud

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