vous avez rejoint la boîte vocale
il est impossible pour moi
de répondre
à votre appel au signal
veuillez me laisser faire tomber tranquille
vous avez fait la boîte vocale
son carton mince ses rabats souillés
nous sommes dans l’impossibilité vous et moi
à la limite
emmurés par les parois de la chair
vous êtes à l’embouchure de l’oreille
plus loin ses tubes ossifiés
se ferment à vos paroles en tentacules
votre appel est important
pour vous
vous avez bien signalé le creux de l’œil ligne l’escarpement des couleurs
tenez la ligne
raidissez-la
ou dirigez-vous vers le site web sous la toile de gaze
vous êtes chez la pomme d’Adam la paume le bout du doigt
pour les ordonnances faites le un
pour m’encaisser le cou faites le deux
choisissez une langue quatre huit
le carré la racine l’étoile le neuf
merci de patienter au pied de la montagne
la neige pesée dans votre flanc
devant vous l’échelle crépite
la corde s’étire
pour opérer appuyez sur le zéro
ici la peau
je suis pleine d’idées d’endroits
veuillez vous rappeler
qu’il est interdit de grimper dans mes vertèbres
vous tomberez de mes veines en lianes
vous avez un visage conservé
dans la crème
le miel
et l’espoir que je rentrerai pour réentendre vos messages
vous avez rejoint la boite vocale
laissez-moi aujourd’hui
votre numéro
et je vous rejoindrai
dès que mes frontières s’ouvrent
que je permette d’entrer sur mon territoire
de cartographier
mes lèvres mes joues mes dents
et derrière elles
la mygale qui me pend de la luette
un huis clos
entre pensée
et voix
Pierre-André Doucet
Texte publié dans le Numéro 28. Phonésie