André Muise. Fin de la boucle

les dernières poussières du citrouille-carrosse
partant de la Louisiane
destination Nouvelle-Écosse
en frais de s’éroder comme nos deux côtes
le dernier départ

j’entendais
les frottements et glissements de proches avenirs
les scies qui s’évertuent à gober des planches
pour bâtir des bâtisses que je ne verrai pas
en cette nuit de quasi-départ
de faim prochaine
de musiques nouvelles
de panse pleine

et au bercail
de plantes qui poussent
en un sol rocailleux
ad eternam rocailleux

et cette langue qui s’est promenée
qui a pris goût d’ailleurs
ses origines dénaturées

percevoir le crachat du livresque
sur le sel et le tannin de la goule
avaler la connaissance
cumuler les identités
se changer de tête
comme si qu’ils étiont pendrillées dans une armoire

trahir
cet Autre que je suis devenu
que j’ai toujours été

je m’autrifie
je m’autorise
je motorise
le verbe caillé

André Muise
Texte publié dans le Numéro 28. Phonésie

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