Émilie Turmel. Sans titre

07h-08h
Moncton, N.-B.
La première chose que je cherche dans une ville, c’est un endroit où il fait bon écrire. À Moncton, j’ai tout de suite adopté le Clémentine. La première fois que j’y suis allée, la série « Pour convives » y était exposée. J’ai tout de suite eu un gros coup de cœur pour les œuvres de Marjolaine Bourgeois, à qui je dédie ce poème.

Marjolaine Bourgeois, Band-Aid, 2018, Techniques mixtes sur coton, 66 x 56 cm (crédit photo : l’artiste)

L’absence étampe le cerne des tasses
sur les napperons de tous les cafés

j’émiette les kilomètres
comme ces encas censés couper l’appétit

au Clémentine les seuls napperons
sont des Bourgeois « pour convives »
gravures cousues main clouées aux murs
les horloges coulantes du Deli

œuf bacon polaroïds
dîner télé tarte marguerites
tomate et dentelle
c’est chaque fois le dernier repas
d’une condamnée

entre le forever lost du cimetière
et le forever gone de la track
la Elmwood coupe son cœur en deux

le mien s’arrête net dans sa fuite

il y a trop d’anges en moi
pour une seule noyade

à Moncton heureusement
entre le forever gone du cimetière
et le forever lost de la track
il fait un temps de soleil liquide
et d’exil vertical

il fait un temps de femmes artistes

 


Émilie Turmel
Texte publié dans le No.21 Acadie24

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