Stéphanie Godin. Souterrain

Chelsea Gauvin, Woody’s son

Je marche dans la grotte
depuis plusieurs années
je m’enfonce dans
le trou
noir
mes yeux
habitués à l’absence de clarté.

Les odeurs creuses
les boubous caverneux
l’écho
la mine basse
tout ceci fait partie de mon quotidien
sans début
ni fin
les murs montent.

Incapable de devenir chauve-souris
je m’évanouis
je me réveille
j’oublie
je revisite la grotte.

Personne
je me retourne
puis un index me tape sur l’épaule
on me lit
écrivant ces mots.

Vers le haut
mes viscères
mes poumons
entre mes bronches, ma valve cardiaque.

Zieuter encore
personne
vers le bas
l’écume au sol
porte d’entrée
imbu, mon sexe
le début
moi
au zénith des années
moi.

Se volatilisent mes jambes
mon index
le culte du moi
par ici, par là.

Effarée
dans la grotte
je suis majesté
nichée au creux de mon nombril
sans tête
sans hanches
ni jambes
indifférenciée.

 

Stéphanie Godin
Texte publié dans le No 19

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