Khalid El Morabethi. Articule Panda

Khalid El Morabethi. Articule Panda. Texte proposé dans le cadre du numéro 19 de la revue Ancrages, Unicité.

Chelsea Gauvin,  Fever Dreams

Articule. Et dans tout ce que j’articule. Panda. Et à l’intérieur de tout ce que j’articule. Panda. Et tout ce dont je me souviens, j’insulte, j’articule. Panda. J’attends dans la cuisine, j’articule, je prends un objet dans la main et j’articule, je suis lié. Panda. Comme par hasard, je suis lié à une grande personne. Panda. Comme par hasard, je suis lié à une violence, une belle violence, un bel homme violent. Panda. Comme par hasard, je suis lié à un rêve, j’articule, un beau rêve, la violence, un rêve, une belle violence, j’insulte, un magnifique rêve et la violence. Panda. Je suis lié à un immeuble, je trouve une image d’une grande personne qui sort de prison, je suis fasciné, je suis lié à cette image, je suis lié à cette idée. Panda. Ok, bien, la grande violence, je me souviens, j’insulte, il arrive le grand monsieur, il arrive, je vais lui dire salut, j’articule, je vais lui dire salut, j’articule, j’attends, salut, comment ça s’est passé, je ne connais pas ce monsieur ou bien oui. Panda. La grande fascination, la grande violence, la grande liaison, le grand. Panda. La ficelle, l’enfant, je me souviens, le cœur, l’évolution. Panda. Comme par hasard, je suis lié à un fantôme, à un souvenir, je me souviens, j’insulte, merde. Panda. Comme par hasard je suis lié à un fantôme, celui de William Blake, tigre, tigre. Panda. Il arrive, je l’attends, la bouche ouverte, un éléphant dans la mâchoire, je suis calme, silencieux, la ficelle dans le cerveau, je vais lui dire tout simplement salut. Panda. Je vais attendre dans la cuisine, il va ouvrir la porte, j’articule, sa-lut. Panda. Je suis li-é à un salut, c’est beau, ne pas mourir avant de dire salut. Panda. La bouche ouverte, j’avale  mes doigts et comme par hasard, je vais vomir, comme par hasard, toutes les explications vont sortir, il arrive, je suis lié et incapable de penser à autre chose que. Panda. Le grand courage, la belle ficelle, le silence, je suis incapable de sortir, j’attends, la bouche ouverte, la violence dans la mâchoire, les dents d’un autre, je suis lié à une signification, j’ai droit à une unique et grande explication. Panda. Il arrive, il va m’expliquer, viens Monsieur. Panda. Je suis lié, je crois, comme par hasard, il me croit, j’insulte, je me souviens, le cœur, le fantôme, il arrive, la porte, j’attends. Panda. Et à l’intérieur de tout ce que j’articule. Panda. Il n’y aura jamais de fin. Panda. Merde. Panda. Salut, j’articule, voilà, je suis silencieux. Panda. Merde, sa-lut, le mur.

 

 

Khalid El Morabethi
Texte publié dans le No 19

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