Poème adressé à Claude Gaudet.
JE M’APPELLE (3/5)
Mon âme est noire mais je ne suis pas noir
Je m’appelle Éric de Dampierre et j’ai sur terre
Une mission précise pour laquelle je suis prébendé.
L’on m’a mandaté d’aller au Haut-Oubangui
Recueillir des poèmes et des palabres du cru
Alors que j’avais pourtant demandé l’Acadie !
Le docteur Laurentin a fait des pieds et des mains
Mais au CNRS on ne peut qu’obéir et se plier
Je parvins donc à boucler un premier volume à temps.
Je me souviens en particulier de Kouloukayongo
Dont la ferveur et la vigueur n’avaient d’égales que sa libido
Il avait, lui au moins, su tirer profit de ma féminité :
« Viens, ma petite belle-sœur, je vais te coiffer,
Je vais te huiler ces cheveux en lignes brillantes.
La perdrix ton époux crie pour sauver ses œufs. »
Le retour à Paris fut rude et amer, mes camarades
Jugèrent mon parcours ni amène ni propice à la science
Tandis que je n’aspirais qu’à faire une longue sieste.
Marc Lapprand
Texte publié dans le No 18.