Tu existes si fort,
mais tes murs et ton souffle s’effritent,
obstacle après obstacle.
De discours en discours,
tu t’époumones pour un néant qui ne t’expliquera jamais ton existence.
Tu t’accroches à ceux qui te voient de passage,
en chemin vers plus important, vers plus pressant.
Ils recherchent cette couleur
que tu tuerais pour offrir.
Tentant de peindre ta saveur,
tu ne trouves que des miettes et du vent.
Tu existes si fort,
mais ton subterfuge ne fait pas long feu devant ceux qui s’arrêtent.
Comment tes mots volent-ils encore si droit,
quand la flamme dans tes yeux n’est plus que lueur ?
Tu mènes un combat à la mort contre un ennemi invisible,
avec des armes qui le sont tout autant.
Que de temps perdu à tendre des pièges
pour vaincre un monstre qui ne t’a jamais poursuivie.
Tes pensées sont usées à force de tourner dans le vide
elles n’attendent que ta permission pour se reposer.
Tu existes si fort,
mais tout n’est pas bataille.
Laisse ta tempête s’affaisser ;
vois comment l’atmosphère fait résonner tes os
jusqu’à ce que tu en trembles.
Sens la terre qui tourne et agrippe-la par les cheveux.
Vois ce qui habite ton monde, ton quotidien et tes soupirs
qui reposent sur des riens qui pèsent parfois si lourd.
Pour un instant,
meurs juste un peu ;
juste pour comprendre comment vivre mieux.
Texte publié dans le No 16. Déversements.