Des matins, des jours, des filons de lumière.
Tous les jours, le même acte.
En silence, ils prennent la pose.
Dans le premier acte… C’est un tailleur de pierre.
Il se protège du soleil, des miroirs, de la chute des mots.
Son sourire se cache
Derrière une barbe vaillante.
Dans le deuxième acte… C’est une actrice mourante.
Elle fixe son ventre
Comme une bombe moderne.
Une bombe qui s’apprête à exploser en mille morceaux de papier.
Mais jusqu’à ce moment je ne ressens rien.
Et puis…
On entend un bruit.
Le tailleur de pierre se redresse.
Ses mains tremblent.
À grands sanglots, la neige tombe sur ses épaules.
On entend un bruit.
Elle presse son ventre.
Ses bras, son visage étonné forment une étrange image.
Ses mains tremblent.
Elle s’interroge.
À qui appartient cette chair qui palpite ?
J’aimerais lui répondre que ce corps lui appartient.
Mais en vérité, je n’en sais rien.
Il bouge en silence.
Il se rapproche.
Elle ne relève pas les yeux.
Elle sent qu’on l’observe.
Elle sent les lecteurs qui la dévisagent.
Qui se tordent dans tous les sens.
Elle ne sait quoi leur dire.
Que diriez-vous, face à un acteur ?
Je ne saurais quoi lui répondre.
La fenêtre se brouille, les postures se fanent.
Le rideau tombe.
Tous les jours, le même acte recommence.
Texte publié dans le No 16. Déversements.