Le mot
Le mot est resté là
Coincé dans la coursive
Des logorrhées
Un point-virgule âgé et
Finissant ne s’est même pas
Retourné
Une virgule à faux cils
Et faux airs de cédille
A gloussé en l’esquivant
Le mot est resté là
Gêné aux entournures
En inconfort notable
L’accroche
Quand il est parvenu à détacher son esprit
De ce qui se tramait derrière son dos
Son regard a accroché
Quoi ?
Quel horizon chargé
Un piaf à bec orange un poteau électrique
Un arbre dont la robe ondule
Un nuage avec une drôle de gueule
Un visage affairé à regarder ailleurs
Un postillon ourlé de haine pure
Du tissu – un pantalon peut-être
Un lézard effrayé filant entre deux pierres
Un vélo posé sagement sur sa béquille
Sa femme et ses enfants grillant
Dans un brasier superbe
La tache exubérante de son urine
Chaude coulant contre sa jambe
Diffusant entre ses genoux pliés
L’ombre d’une éclipse
Il a vu quoi
Avant de basculer
Le crâne foré de part en part
Un filet de lumière
De la nuque à la bouche ?
Textes publiés dans No 15. Chemins de vers. Poésie