Échos. Jour 4

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Gabriel Robichaud

Partir
Voir l’esprit couler
Le flot d’une vague à boire
Le goût salé
Un silence libre
Banlieue de mer sobre

Au creux du bas-ventre
La fierté d’un père
Ne sombre pas
Ne se noie pas
Attends
Comme les bras d’une mère

L’espoir ravivé
Prends le temps
Parmi les chiens
De nager

Après les déchainements
Le retour

Moncton, NB

 

Martine Jacquot

les temps sont sombres
flotte l’esprit au goût doux-amer
de nos errances
ma chienne n’avait nul besoin de bras
pour m’aimer
je n’entends que l’écho déchaîné
d’une autre réalité
qui revient en leitmotiv
toujours et encore
je me noie dans le silence de la mer
comme si espérer rimait avec liberté
comme si attendre avait encore un sens

Grafton, NÉ

 

Rodney Saint-Eloi

La mer est ma cabane
Bleues les vagues les larmes
L’alcool calme les mensonges
Sur le radeau de la mémoire

L’exil de mes os
Appelle la nuit
Le cercueil de mon père

Migrants de mes rêves
Je ne compte plus les morts
Je ne compte plus les alcools
Mon pays martyr océan

Conscience j’ai la main du remords

Genève, Suisse

 

 

Diane Régimbald

Je rejoins la mer
Danse turquoise du corps
Et la conscience du sombre

La nuit s’entend
Depuis les cabanes délabrées
Des attentes
L’alcool ambré
Coule du remords

Pousse les vagues
De l’esprit
A tenir les mains
De l’exil

Les os forment le radeau
Et tous les trous d’océan
Dans les veines

À Montréal (Qc) de retour de La Havane, Cuba

 

 

Michel X Côté

Longtemps après l’écriture
L’horizon se dresse
Devant nos poitrines raides soûles

Nos chiens de chasse trappés
Grugent le gris des torpeurs
Le bois séché des châssis

Ainsi nous trouvons chez certains poètes
Cette volonté que plus personne ne parle
Après eux

Un moindre mal
Une lune de last call
Chavire dans le ballast

Oka-Kanehsatake, Qc

 

 

Brigitte Harrison

De ma poitrine s’échappe un souffle
Comme une blanche torpeur
Instigatrice de silences
De décennies d’halètements
Charriées par-delà un horizon
Lacéré de blancheur lumineuse

Silence

Le pas raide
Les jambes de bois
Je resterai tremblotante
Saoulée du bonheur de vivre
Dressée de stupeur
Surprise
Par un battement
Au cœur

Un chien hurle comme un loup
Afin de bannir le danger

Moncton, NB

 

 

Charles Sagalane

le corps bleui
du silence

le souvenir
noirci de la marée

la cendre rougie
d’horizon

tôt ou tard
parviennent

dans la chambre
claire du papier

et le corps gris
des choses

et la suie sèche
du souvenir

tôt ou tard
seront blanchis

par la chambre
frêle du papier

Genève, Suisse

 

 

Rose Eliceiry

regarde dans l’œil vif des éperviers
tout est là, tout y est
l’horizon s’y exalte de cent couleurs blanches

reprenons cette guerre de silence brûlant
bois sec
restants de corps bleuis

visons encore le sud de nos souvenirs
ses marées d’autres temps
ses chiens cuisant sous un soleil rouge

Montréal, Qc

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