Janice Durant. Kick your own ass

(Émilie Bernard. Planche de montagne VII. 2023)



Ça fait forever que j’ai pas pensé à l’évolution de la langue dans un contexte le fun. 
C’est tellement  
emotionally  
charged. 
 
Ça qui roule naturellement de la bouche des petits-enfants de mes ancêtres,  
la way que tous les sons pi les mots se mettent ensemble sans prétention  
yinque pour parler juste demême,  
ça m’mets happy –  
j’peux même pas l’expliquer –  
C’est beau.  
Pi ça fait chaud au coeur.  
 
but ça vire tout l’temps heavy 
 
le monde se moque 
 
– qu’osse qu’on fait avec ça ? 
 
on s’éduque pi on se normalise pi on s’tord la langue pour se faire comprendre ailleurs comme que j’fais depuis des années  
pi là y’a pu rien qui fait du sens,  
c’est juste du déracinage, 
plain and simple 
 
y’a pu d’bouchures, yinque des clôtures, y’a pu de plumes yinque des stylos  
pi les chars sont toutes gone  
nous nous retrouvons près d’un stationnement complet d’automobiles bien lustrées.  
Yousqu’on va parker notre car ast’heure ? 
 
On drive pi on drive pi on drive  
pour finalement s’apercevoir que partout au Canada,  
y’en a qui s’arrangent pour yinque parler anglais  
pour pas s’faire moquer de. 
 
– “kick your own ass, wash your own brain” murmure Rob Brezny doucement dans mes oreilles. 
 
yeah but qu’osse qu’arrive quand que t’es che-vous, su ta own terre,  
pi que tu peux pas même te rouvrir la bouche sans t’faire moquer de ? 
 
– Youss’ tu vas avec ça ? 
 
– “kick your own ass, wash your own brain” 

Janice durant

Texte publié dans le No 40. Déraciner/Enraciner

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