je reste ouverte
à toute proposition / discussion / négociation
à ce qui se trame ou jaillit
je reste ouverte à tout
mais pas n’importe quoi
et pas n’importe comment :
ce ne sont pas la chair et les os qui pèsent sur la balance
de la pulsion de vie
c’est la matière qui se meut au rythme des vibrations
je reste ouverte
mais pas par les orifices
les véritables trous ne sont pas visibles à l’œil nu
intouchables même par le doigté le plus dégourdi
il n’y a rien à remplir
rien à explorer
rien
que l’esprit ne peut concevoir
ça veut dire que
l’essentiel
y est
la douleur qui remonte à plus loin que le corps
plus loin que les chairs et les os
calcinés
l’orgasme le plus profond et le plus aérien
qui trouve dans la matière
la porte
dimensionnelle
je reste ouverte
entre cour et jardin en attendant
d’incarner
la faille
spatio-temporelle
qu e
j e
suis
je reste ouverte
comme un lieu sacré pour qui veut s’y perdre
s’y trouver comme une terre d’accueil
pour qui demande le gîte et le couvert
à l’étape du jour
je reste ouverte
comme un miracle qui n’a pas besoin
que l’œil se pose dessus
pour exister.
Myriam OH
Texte publié dans le No 36. En corps