Ce poème constitue la fin d’un texte composé pour l’Hommage à Raymond Guy LeBlanc présenté au Lieu historique national de Grand-Pré le 31 juillet 2022.
le printemps nous propulse vers des horizons nouveaux
des poèmes naissent depuis Chéticamp jusqu’au Madawaska
de Caraquet jusqu’à Grand-Pré de Shippagan de Bouctouche
jusqu’à la baie de Fundy
nous savons échanger nos complaintes
avec les blues de nos cousins cadiens
de Lafayette jusqu’à Mamou
nous savons communiquer nos visions
avec les voyances de nos cousins canayens
de la Mauricie jusqu’en Gaspésie
nous dansons aux rythmes de notre langue
et aux mélodies de nos accents
avec résilience et entêtements
pour rester vivants
sur cette Terre aux mers en feu
sur cette Terre autochtone
de ton cri nous parlons toujours
de nos amours jusqu’à nos deuils
de nos tristesses jusqu’à nos joies
de nos colères jusqu’à notre béatitude
au cours de nos durs labeurs jusqu’à nos fêtes
nous affirmons haut et fort notre désir d’être
en Acadie en terre d’Amérique
de ton cri nous chantons nos racines
à l’échelle de la planète
de Paris jusqu’à Kinshasa
de Frankfort jusqu’à Guadalajara
nos musiciens sont des magiciens
nos poètes des chamanes
nous inventons jusqu’à tard dans la nuit
comme des moines dans la cave
nos prophéties
nous les hurlons comme des loups
à la lune ou à une louve écartée
nous murmurons en réalité nos prières
issues de nos rêves les plus éveillés
Ne sommes-nous rien d’autres que des esclaves
de cette force qui nous crée
Marc Arseneau
publié dans le numéro 33. Cris de terrestres