revenir de ses rêves les plus fous
de ses peurs les plus profondes,
revenir des passions les plus dévorantes
des châtiments les plus insupportables,
revenir d’aussi loin
qu’on s’en souvient
de l’injustice de l’abandon,
de l’espoir du bonheur,
des terreurs
des merveilles,
revenir à chaque fois
un peu plus à soi
revenir d’une histoire où on avait posé son cœur
d’un pari où on avait mis toute son énergie,
revenir de chez ses grands-parents ou de chez le coiffeur
d’un rendez-vous ou d’un imprévu,
revenir d’un voyage où on a laissé
quelques plumes
d’un spectacle où on s’est mis à nu,
revenir par le même chemin mais d’une autre démarche
avec le même corps mais par un autre souffle,
revenir en arrière
ou bien au début,
s’arrêter
recommencer
revenir par la petite porte ou sous les projecteurs
même par hasard même par erreur,
revenir d’aussi loin
qu’on s’en souvient
de l’origine du monde,
de la fin des temps,
des ombres
de la lumière,
revenir à chaque fois
un peu plus à soi
revenir avec le cœur gros avec les poches vides
avec dans le ventre cette voix qui rallume le feu,
revenir du ciel
revenir de l’enfer,
revenir de nulle part
et revenir de tout,
rentrer
à la maison.
Myriam OH
publié dans le numéro 32. J’écris ton nom