Stéphanie Godin. Yoni

16h–17h
Sydney, N.-É.
Le 21 août dernier, comme j’étais en vacances à Moncton, j’ai décidé d’écrire dans l’espace commune de l’école de danse DancEast.
J’ai étudié à l’Université de Moncton et j’ai aussi habité la région ; c’est à Moncton que j’ai appris dans ma vingtaine à mieux habiter mon corps. L’espace DancEast partage ses locaux avec le Studio Sephira (danse du ventre). C’est inspirant de visiter un endroit qui offre l’espace pour bouger et ce, peu importe le style. 

Je suis l’œil de l’ouragan
Parapluie rouge
Des aveugles
Vite
Prenez refuge dans l’espace à trois

Entre quatre murs
Sur mes joues
S’estompe la joie
Mon intérieur
Écho des sept couches

Souffle
Relâché
Flow
Librement
Les esprits coalisent à l’âme

Il a cessé de pleuvoir
Des parapluies par milliers
Et le mien
Est chapiteau

*

L’eau
Source inépuisable
Pluie torrentielle
Paupières lourdes des années
Comme des yeux fatigués

Lèse-pensée qui s’étire
Se révolte
Magique
Parmi le trafic
Se fraye un chemin loin de la ville

À l’équateur de mes humeurs
Se tient mon chien
Transi
Solennel
Au pied de leurs portes colorées

Le dehors se démène
Bâtisseurs
D’habitudes avec un grand H
Humain un être univers en soi
N’est pas l’univers

M’aimes-tu ?
Kick la canne
Kick la canne plus loin…

*

Derrière la porte
Le surnaturel
La peau neuve
D’une jeune femme
Qu’on applaudit
Une jeune femme avec ses trois jambes
En équilibre sur une tête d’angelot

*

Femmes silencieuses
Grandes ou petites
Au-dessus de leur toupet
Portent le beignet
Leurs bouilles auréolées

Retiens le souffle !
Retiens l’appétit !
Que rien ne tombe !
Surtout pas dans le fond de ta gorge !
Beignets de chocolat
Vanille ou pistaches
Olfactives

*

Là où personne n’est plus jamais seul
Là où on danse à dix ou à vingt
À deux pieds
À deux mains

À coup de nerfs vagues
Au même rythme
Suspendu à leur vent
Les pionnières ont un seul battement

Deux pieds
Dix binettes forgées
Adaptées au désherbage des terres lourdes
Au sol tassé
Flottent sur les vagues
Des poumons-voiles

*

L’idée des autres sur moi
Je les vois
Toutes
Sauf moi

Des pas
Des pieds nus
Râpent le sol tiède
Des os se fracassent
Contre les parois des organes

Mirepoix
De muscles et de peau
L’innocence et l’allégorie
De notre corps
Appartiennent à un folklore
Qui donne l’appétit

Des orifices
À remplir
À vider
Toute la beauté du monde
Au creux de nos paumes

 

Stéphanie Godin
Texte publié dans le No.21 Acadie24

Aller au contenu principal