Yousse tu t’en vas toute apimpée d’même ?
Well, I’m glad you asked.
Imagine-toi que j’ai reçu un appel pour aller rencontrer mon passé. Pas mon passé simple, là, ni même mon passé composé – mais plutôt mon passé assez compliqué merci que j’ai jamais vraiment trop su comment conjuguer.
Je sais que ça involve pas une time-machine pi que j’peux pas juste de même aller rencontrer Miss Bobette Skew au Disco Bingo des années ’90, crier des poèmes à tue-tête dans les rues noires de Moncton avec une Marquise ou bin dropper in au Kacho pour une p’tite twirl sur le dancefloor carroté de mes favourite tunes. Je sais ça. C’est pas pour ça que j’m’apimpe.
Faut que j’te dise que ça fait quand même une couple d’années que j’rêve d’un futur simple. Un futur simple yousque j’pourrai juste être là à regarder les pissenlits s’ouvrir le matin pi se fermer le soir, pi entre les deux j’dirai hallo aux abeilles pi j’les admirerai sans freaker out parce que vraiment, on sera pas mal happy à juste hanger out d’une belle fleur ensoleillée à l’autre dans notre p’tit train-train quotidien. On s’inspirera pi on buzzera sans worrier about la nouvelle réincarnation du glyphosate ou about le Colony Collapse Disorder, pi c’est pas parce qu’on sera des idiotes. On lira quand même les nouvelles, on écoutera les signes pi on saura juste trop bien que l’heure du révolutionnement se cristalictise et que stalactitement, nos chances d’en sortir vivantes de cette myothique caverne seront still quasi-autruches.
Mais on s’réveille quand même tous les matins pi on s’informe pi on care pi on signe les pétitions. On fait même nos own pancartes pour aller marcher dans les protests. But le reste du temps, on chill pi on fait ce qu’on aime parce que vraiment, grammaire ou pas grammaire, le plus important à chacun des plus petits minuscules moments du monde, c’est de savoir vivre un présent parfait. Et c’est pour ça que j’m’apimpe.
Janice Durant
publié dans le numéro 33. Cris de terrestres