Maxime Boudreau. Une envie, juste une envie

Une sombre envie de virer de bord, rebrousser chemin pour une raison incertaine, de raller la handbrake pour faire crisser les pneus sur le pavé comme toutes les fois d’avant, mais pas pour les mêmes raisons
Raller la handbrake pi me surprendre à souhaité de perdre le contrôle pour une première fois parce que,
Parce que rien dans le fond, parce que rien pi toute en même temps, parce que mes wipers n’arrivent plus à essuyer mes larmes qui coulent, parce que je n’ai plus assez d’antigel pour me dégeler le cœur, parce que je ne vois plus clair dans le cimetière de mouches sur ma Windshield, parce que la carrosserie est plus rouillée que mes émotions, que la batterie est finie, l’exhaust fait trop de bruit, les miroirs sont cassés, les tires sont usés à la fesse, pi moi aussi
Parce que, juste parce que

Parce que le bruit est toujours trop fort pi je ne sais jamais comment me tenir

Mes pieds sont-tu à bonne distance ?
Qu’es que je fais avec mes bras ?
Es que j’ai l’air approchable ?
J’peux-tu me tenir plus droit que ça ?
J’essaye pi j’essaye pi j’essaye

Jusqu’à ce que ça overdose, overload, error 404, file is too large, pi là je cherche pour la sortie, je cherche pi je marche, le souffle court, une fog dans les yeux pi dans le cerveau une sirène, je marche pi je trouve une porte, finalement une sortie, toujours une sortie, toujours trop peureux pour rester en dedans, toujours une excuse à la main
Finalement je sors,
Finalement je suis là, dehors
Mais là y a le silence acouphène
Qui vient me tordre les tripes

(Y a-tu vraiment quelque part ou ça serait mieux ?)

Une sueur froide me coule dans le dos
Un glacier dans le fond des veines
Le goût amer de chercher le fond du baril
Comme une pétrolière en chaleur
Trop horny pour entendre la raison
Chercher le fond comme avant, même si je sais que je ne devrais pas, même si je sais que je ne le ferai pas, une envie, juste une envie, pour me rappeler que j’ai le droit si je veux,
Que je suis encore libre des fois

Une envie de virer de bord
Parce que je me sens cirque ambulant
Chat qui n’atterrit pas sur ses pattes
Oiseau qui n’a plus ses ailes
Voix qui n’a plus sa langue
Nuage sans pluie
Ville sans nom
Paysage sans charme

 

 

Maxime Boudreau

publié dans le numéro 32. J’écris ton nom

Aller au contenu principal