J’aperçois le ciel qui nouairci.-
y’a des p’tites gouttes de pluie frette,
su’ ma peau
j’les erssens me couler su’ l’fond d’la tête, sous mes ‘j’veux’ secs
je touche l’eau de la piscine
c’est plutôt chaud,
comparé à l’air du soir
pis du strein qui teube
j’entends des femmes qui jacassent
en mettant leurs maillots
pis j’entends mon frère
qui ‘canon-ball’ dans la partie profonde
pis les hommes qui marchent à faire le tour du bord, qui finissent par y plonger de coups secs.
j’descends plus loin
ça fait du bien
pis je flotte
j’me sens légerte
j’ergarde les étouailes
mon ventre se gonfle
y’a ma tante qui me pogne in orteil
à rentrer dans l’eau
mon auter tante qui s’éclate de rire
j’peux éventer la mer
autant que la ‘chlorine’.-
j’attinds les splashs redondants
pis in coup de tounnerre
pis tout l’monde lâche une ‘call’-
mon aut’ cousin qui ‘canon-ball’,
manque d’assommer mon frère,
moi j’monte su’ la glissade,
mon oncle y met d’l’eau
pour pas qu’on entend’ le ‘squeak’ habituel, quand t’essayes d’y descendre, les journées chaudes.
les gouttes de pluies sont plus épaisses,
j’vois les éclaboussures, où elles s’effleurent-
– j’ai une miette d’eau dans l’oreille-… j’ressens la goutte couler le long de mon visage, une fois que j’m’ai ‘shaké’ la, d’in bord…
– l’air est plus froid,
– et les barres de métal aussittes,
– ‘shock’
– coup de tounerre
– j’m’élance,
– ça descend pas mal vite
– c’est pas long
– mais c’est l’fun
– ‘who says size matters ?’ ein ?
– sploosh !-
– une chance que j’ai pris mon souffle,
– j’en vois qui s’baignent au-dessus de moi
– d’autres qui sagnent rendus au fagne,
– à ramasser des cennes nouaires
– pis une jêpe qui fait le tour de ma tête
– le tchoeur qui ercoummence à batt’ plus vite
– avec les buzzs
– des frissagnes dans l’dos
– j’me plonge à nouveau sous l’eau
– les rires
– les éclats
– les coups de tounerre
– la nuit
– pis in ombre de la toune de ‘jaws’
– en arrière de l’idée
– malgré le ‘stir’-
– de plus grosses gouttes
– de plus gros coups
– les femmes qui commencent à s’inquiéter,
– qu’on devrait rentrer
– les fleurs de l’été
– le foin trempe
– doux
– pis là, la toux du lendemain matin. –
– pis le brûlement qui m’est resté en arrière du nez, après la gorgée ‘d’chlorine’ que j’ava’ avalé –
pis le goût de respirer, respirer, respirer.
Texte publié dans le 29e numéro Éloge (paradoxal)