Un jour je ne voulais pas me réveiller au bord d’un minaret endeuillé,
En faisant l’éloge des prières à côté d’un homme sur un lit devant la mer,
Je ne voulais tendre la main à personne pour écouter sa nostalgie et voir sa magie
Je ne pensais à aucune errance pour me contenir comme l’amour d’une petite fille
Hier, j’ai eu l’idée d’aller à la gare pour visiter mon chemin de fer
Et à sa croisée, tout a chamboulé pour annoncer une pause à mon jardin
J’ai changé de mine, de frontière fine et de point de vue sans soleil ni lune
Mais je te vois courir, je te vois partir et je te sens mourir sans écumes ni brumes
Je ne voulais faire aucun de ces projets ignorés ou colorés au présent qu’à l’imparfait
Je comptais entrer dans la case et tenter ma chance dans les trois prochaines phrases
J’ai décidé même de ne pas comprendre et de ne pas suivre les cris ni à l’oral ni à l’écrit
Je ne voulais échanger rien, je voulais aimer quelqu’un mais je me retiens
Je me réduis vite peut-être à un rien toujours mal vu par tous ces bateaux malins
Aucune envie de comprendre cette remise de coupe ou de médaille pour annoncer la fin
Pas la peine de creuser dans la blessure des autres et de s’allonger après sur la faim d’un ventre
Inutile d’oublier les étoiles et les choix qui vont au-delà des filtres et contre les aiguilles de ta montre
Je ne comprenais pas les files d’attente étincelantes et puis insultantes mais je laisse aller
Je pousse un peu la porte de mon esprit et de mon âme éperdument et inutilement remplie
À la recherche d’un homme perdu entre deux corps ou au bord de ses désirs forts
J’ai donné mon dos au vent et avec mes dents, j’ai déchiré tous les chants des enfants
Et puis j’ai tourné longtemps en rond en oubliant toute la relation maintenant et avant
Je romps et je m’endors dans les yeux des cieux comme un ange capricieux tenant un bonbon et un ballon
Les papillons et les coccinelles de mon cerf-volant partent aussi sans avoir honte de cette coupure de pont.
Milan, 19.07.2021
Texte publié dans le No. 29 Éloge (paradoxal)