Après les laveuses, les sécheuses, les télévisions lancées au fond des océans,
les cimetières de voitures,
les transistors, les écrans cathodiques,
le plastique,
et tous ces déchets enfouis,
convoiter le Nord et l’Antarctique.
Après donc
nous être émerveillés devant la magie de l’écran lumineux,
allons-nous un jour recycler ces vieilles tablettes pour en faire des pierres tombales ?
Y afficher les photos des disparus alimentées par le paiement des familles en deuil ?
Après avoir rêvé de répandre la connaissance, les langues et les lettres,
le progrès des sciences, de la médecine, propagé les bienfaits de l’enseignement,
et constaté les aberrations lues et vues sur les médias sociaux,
faut-il conclure à un échec collectif ?
L’éducation est-elle à ce point exigeante qu’elle appelle l’obscurantisme ?
Après avoir nié, démenti, allant même jusqu’à parjurer et même cesser de croire,
s’agenouiller dans le désordre
défier la pudeur des indécis,
troubler le parcours rassurant des dimanches matins sans confession.
Et la lune se retient bien de parler
de la durée,
l’insolence du temps à jamais agrippé à soi.
Dominic Langlois
Texte publié dans le Numéro 28. Phonésie