Ils t’ont vue, toute belle
Couverte de ta belle robe verte fleurie
Tes courbes volumineuses, protectrices et alléchantes
Ils t’ont vue, toi, toute belle
Avec une douce chaleur auprès des eaux dans lesquelles tu te baignes
Tu offres une vue magnifique, où en arrière-plan
Les palmiers dansent un yanvalou sensuel
Ils t’ont vue dans toute ton innocence
Ta douceur enfantine qui te donne un air naïf
Ton sourire accueillant qui dévoile ton cœur
Ils t’ont approchée, ils t’ont amadouée
Ils sont devenus tes amis et ont gagné ta confiance
Ils t’ont fait de belles promesses et t’ont donné de l’espoir
Et toi tu t’es laissée aller
À ta grande surprise, les promesses sont devenues mensonge
Et l’espoir s’est transformé en détresse
De ta belle jupe verte fleurie, plus aucune trace
Tes cuisses voluptueuses ne gardent que de mauvais souvenirs
des mains qui les creusaient
De leurs bâtons dans lesquels coule une envie de pouvoir incommensurable
Ils t’ont pénétrée d’une violence qui fait trembler toutes tes provinces
Chaque coup de reins fait augmenter ton manque de confiance en toi
Et ta culpabilité de les avoir laissés entrer
Tes gémissements sourds ne dévoilent que ton désespoir
Et ta dignité fuit à chaque regard affamé jeté par ces cochons
Malgré tes cris et tes pleurs
Ils te gardent prisonnière, car ils n’ont pas fini de piller tes richesses
Tu es encore debout et vivante, ils peuvent alors en reprendre
Ils puisent dans tes mines
Ils puisent dans tes rives
Ils puisent dans tes vives
Encore et encore
Ils viennent te chercher pour assoupir leur brûlant désir de richesse et de pouvoir
Ils fracassent ta chatte avec leurs reins
Comme des coups de rigwaz tapé sur le sol dans les rara
En toi ils ont déposé l’insécurité
La violence qui court dans tes veines
Un système de santé inexistant
Une éducation insouciante
Une culture à la dérive
Une jeunesse sans espoir
Une corruption toujours croissante
Leur jouissance souillée te consume de l’intérieur
Te consume jusqu’à l’âme
Car ce sont tes propres enfants qui te violent
Haïti chérie, devant le juge
Je te défendrai
Et pour ces porcs, je demanderai
La peine capitale
Phiautha Dantiste
Texte publié dans le No.22 Libéré(e)s sur parole : la récidive