Échos. Jour 6

Jour 1     Jour 2     Jour 3     Jour 4     Jour 5

Le jour 6 rassemble 32 auteurs. Bonne lecture !

 

Hermine Yollo

Nous étions des dieux

Embrasser les étoiles
Boire à la Voie Lactée
Colliers flottants
Pris en vaguelettes
Fossettes creusant
Nos visages souriants

Cœurs en attente
Goûtant silencieux
L’astral déchaînement
Tien coulant Yin
Mien assombri Yang

Auparavant…

L’Amour vira
Œillères ôtées
Désespoir
Déracinement
Rêves-néants

Cœurs partis en errance
Souvenirs restants en brassard.

Yaoundé, Cameroun

 

Olivia Csiky Trnka

Le petit virage

Je t’attends
Devant le petit désespoir
Jardin anéanti
Bassin déchainé
Qui coule après le virage
À droite, trop
Les cygnes au long cou
Flottent par vagues
Toi aussi
Prise en pleine face
Souris
Le goût déracinant
Embrasser les chaînes
Le cerveau sombre
Les yeux flottent
La pupille, une bouée orange
Boire
Me taire
Cassandre, casse-toi.

Paris, France

 

Antoine Côté Legault

et enfin
essouffler le brasier
suie d’espoirs étendue en bouche
après repartir
comme chien bègue et titubant
le silence cloué dans les poches
ces désirs encouleuvrés au creux du ventre
ne plus attendre
décadenasser la langue
jappements et cris en crue
gargantuesque grogne
geyser psychique
tempête du non-retour

Gatineau, Qc

 

Miriam Cusson

Chiennes de banlieue qui oublient leurs rouges à lèvres
croquent leur langue pour se faire une bouche pulpeuse
Le temps d’attendre le dernier shot
Bu à contre espoir au lieu de partir
À bas la liberté
Elles s’étendent sur le ventre
Se laissent creuser comme un gouffre
Retrouvant le silence

Sudbury, Ont.

 

Henri Paratte

Et si ?

Au réveil
Jésus et sa chienne
M’achalent.

Ils auraient pu
Être ma compagnie mais
Rhétorique de lampe à huile
Rien à cirer

J’erre en toute
Liberté parmi
Les braises du temps
Les cadavres sombres
Les catastrophes

Flottent contre les vitres
Les noyés saouls
De rêves amers

Silence écho
Le Manitoba
Ne répond plus

Grafton, NÉ

 

Rachel Bonbon

un jour de sombres noyades

brasier
au bord de la mer, cap de l’espoir
les flammes déchainées, aiment
un temps
et moi, errante,
saoule d’une liberté toute particulière
le silence brisé
par seul le reflux, leitmotiv, refrain, rien
et l’écho des jappements d’une chienne en chaleur

au réveil,
l’aube produit une lueur
le messie

me voilà.

remise à flot.

Cap-de-Shédiac, NB

 

Sarah-Jeanne Bélec

Brûlure

nymphe
bras ouverts ailes vaporeuses
vouloir apaiser
mon flottement quotidien
d’un spiritisme
familier

je suis les échos
parmi mes sillons anciens
je tire
un souffle libre

aimer mon errance
encore
toujours rechercher
la trace fantomatique
du silence

mer brûlante
chaos enfantin
j’y bouterai tisons d’espoir
pour que songe champêtre
l’insouciance

Edmonton, Alb.

 

Lise Gaboury-Diallo

divagations

mon corps en jachère
trouve peu à rapporter
du sol du ciel
si peu à tirer
de mon esprit en friche
par-delà les sillages de silence
mon fantôme flotte
insouciant encore
au bout de la mer-terre
échos d’errances
semant houle vent sel
désirs ailés
dans le champ fauve de l’espoir

Winnipeg, Man.

 

Violaine Forest

le pays calmement lave les morts
la première vague
soulage du bleu
annonce la fin
il suffit de racler la gorge des vivants
pour mentir au vent
le fond de l’océan est un cercueil immense
voie maritime
unique chemin de nuit
son flux douleur
se fond dans la mer
mon père inconscient chante sa beauté
autour des récifs indomptés
les migrants reposent

Montréal, Qc

 

Pierre Soletti

exil à bout portant
mains offertes à l’usure océane
‒ flux bleu ‒
aux vents salés de larmes
quand la mémoire des pères
calmement
jette un fin sac d’étoiles ‒ Voie Lactée
morts & remords se confondent
‒ alcool d’occasion ‒
nos vifs cercueils de mensonges
ne se vident pas de leurs os
& la mer emporte nos rêves
vague radeau

Merville, France

 

Laurent Maindon

Sur ton visage blême
Une mer d’exil peu à peu se détache
Tes larmes bleues un radeau sans appel
Mourant d’avoir traversé trop de
paysages sans rêves

Une ordonnance des dépits
Flotte entre remords et océan des martyrs
La nuit brille sans père à décompter
Seuls les morts n’ont pas de souvenirs

Ste-Luce-sur-Loire, France

 

Alodie Larochelle

des larmes, du brillant dans les yeux, ces vaguelettes migrantes :
une mer calme de mensonges les appelle
un radeau flotte parfois dans cette mer, et, sans remords
exile vers la cabane de mon père
mes rêves et mémoires
construits d’os martyrs lors d’une nuit bleue

Mais quelle main les compte ?

Edmonton, Alb.

 

Louise Dupré

j’entends et je touche
oui, je touche le si sombre
de la nuit
ce cri retenu dans nos mains
veines ouvertes, minuscules
vagues perdues ici ou ailleurs

il est sans fin l’exil
sans fin notre demande
d’amour
qui ne sert à rien
sinon à la conscience brutale
de notre disparition

Montréal, Qc

 

Herménégilde Chiasson

Vol assombri d’un cri sur l’océan
mains dans les nuages leur reflet dans les vagues
autre rêve perdu
ailleurs la fin des entendements
retenir, pousser, demander, toucher, servir, l’âme en peine
pierre ambrée qu’on voit descendre
les veines arborescentes
la conscience d’une nuit
sombrer dans un tout
l’exil au fond

Grand Barachois, NB

 

François Rioux

Leurs voix sont mouillées
quand ils parlent tranquillement nous rouillons
corps et conscience comme des Concorde

nous ne voulons plus nous encabaner
ou attendre le MC
mais assouvir les vagues des désirs qui poussent nos radeaux
vers les trous lumineux

nos cœurs encore ivres
de fuites
nous lançons des appels.

Montréal, Qc

 

Dominic Marcil

notre conscience pousse
comme les trous de balles
qui s’accumulent au fond
de la cabane

les vagues rouillent tranquillement
nos corps délabrés
attendent mais
se rejoignent
attendent mais
s’accordent
à la brise sur la toundra

je prononce une formule magique
silence silence silence
nous parlerons une dernière fois aux esprits

Granby, Qc

 

Hugo Beauchemin-Lachapelle

Ma volonté
un chien trappé
dans les bois du poème

longtemps sa torpeur
son appel de lune
l’a grugé

il devient raide
se grisaille

l’infini de l’horizon
s’assèche dans sa poitrine

personne n’a encore trouvé
l’écriture qui l’a chassé

un moindre mal.

Longueuil, Qc

 

Samantha Barendson

Dernières heures
torpeur des sens
ton regard gris
tu bois
encore
longtemps

Dans ce bouge
des poètes
parlent
de la lune
et du cul
de la serveuse
mais personne
ne trouve
ce qui persiste
derrière l’horizon
de tes absences

Comme une infinie
tristesse
tes remembrances
le souvenir
de quoi ?

Lyon, France

 

Marc Lemyre

Tu choisis
La forêt.

Tu vois le froid
tu choisis de ne pas parler.
L’espérance de l’autre te saoule
un horizon chien tu choisis.

Avant que l’espoir fleurisse
souvent il doit hurler
mordre ou brûler.

Mais toi tu choisis
la réciprocité du gris.
Une écriture à sens unique.

Tu anticipes la vitesse
tu la fabriques.
Imaginant là un nid contre la torpeur.

Mais le soir
la nuit te mange.

Toronto, Ont.

 

Sylvie-Anne Sioui Trudel

Désirs givrés

Au châssis du froid,
Des cristaux chavirés
chassent la torpeur.
Les dieux des lieux parlent.
Des personnages
ravissent nos cœurs.
Le chien se prélasse.
Aataentsic,
aux reflets du feu,
salue l’esprit joyeux.
Au fin tango du vent,
la forêt gigue sur le ventre
du Niowentio,
joins tes mains
vers demain.

Niowentsio

 

Dominic Langlois

la maison endormie respire à petit feu
timide lueur orange et paupières lumineuses
enlacent le parquet s’échappent du monde
la chaise renversée tremble encore
démantèle sa torpeur
le silence s’abreuve à l’écho du poêle à bois
se répercute sur les murs

charrié de blancheur l’horizon se dresse
par-delà les battements
souffle sur les braises en suspens
décuplées par le brasier de ta présence
haleter hurler à nouveau
pour que tout s’embrase

Moncton, NB

 

Sebomatik5

Paria

Serrer la poitrine

Tel un monde
Catastrophé
Abreuvé d’insolences
Dressé dans la luminescence
Des horizons pantelants

Souffle
Blanc
Torpeur décuplée
Par-delà
Le torpillage du Khukri

Mamelles envoûtantes
Dressage des cœurs démantelés
Hurlements oisifs
Halètement timide
Des chars d’assaut
D’où s’échappe la stupeur
L’écho du vide
La charia du silence

Sydney, NÉ

 

Marie-Claire Dugas

Nos pas transportent
Leur lumière
Vacillante

Haletante
La ligne d’horizon
Soudain
Trace le silence

Un battement
Un souffle
L’idée du bonheur
Comme une flamme

Le danger
Les chiens
Les loups
Tout prend son terrible sens

Nous sommes le cœur du monde
Fragiles
Comme un bas de soie

Montréal, Qc

 

Malaïka Ogandaga

Chaines

Cent ans de peine à l’horizon,
Lumineuse prison de bois.

En silence,
Ils y transportent mes lendemains.

Où s’endort mon bonheur
Entre halètements, battements, chiens et loups.
Hommes, femmes, inconnus aux visages si familiers.

La torpeur qui s’échappe de mon cœur,
Devient instigatrice du peu de sens dans mes mots.

Edmonton, Alb.

 

Lyne Richard

Contre le bleu

Dans la chambre
un souvenir t’effleure
frêle comme un silence

il se tient debout
mêlant ses cendres à la réalité

tu protèges ce qu’il pourrait devenir
si tu laissais ton corps
se mêler aux marées

dans l’horizon
ta voix se glisse
contre le bleu
et froisse
la clarté du monde

Québec, Qc

 

Pierrette Requier

Devenir

sur le papier de nos corps brulés
s’entremêlent des voix bleues

souvenirs de pluies grises
frêles silences à l’horizon

dans la chambre noire de la nuit
la voix du devenir resurgit

comme depuis des cendres
se dresse le Phénix

la parole de la marée rouge
du monde se déferle

Edmonton, Alb.

 

Chloé LaDuchesse

papier :
le terreau meuble des souvenirs, les cendres à chérir, les étés jetés contre le vent, suie d’or, poids plume, lest de rien du tout

plomb :
les racines obtuses d’une histoire de chasse ou encore l’aile armée, la carabine verte et ses fictions, pendus fourbus, corps compas pointant le sol

Sudbury, Ont.

 

Vincent Lambert

Le grand corps est vivant, on ne sait pas
comment il fait, dans quel meuble vert
la racine du silence continue d’émettre
on voudrait bien lire ses pensées fraîches
déménager dans ses chambres sans choses
ou papier peint, sans horizon que le feu
gris d’un œil qui ne sait pas qu’il rend vie.

Saint-Philémon, Qc

 

Jean-Christophe Réhel

mes mains sont à l’épreuve du feu

je veux juste ne plus parler
entrer dans un arbre entrer dans tes yeux
entrer dans le soleil entrer entre tes doigts et rester là
à me perdre ici sur tes épaules et rester sur tes épaules
et mourir à vif cent fois revenir cent fois
pour nourrir le chien pour dormir un peu

Repentigny, Qc

 

Mathieu Renaud

Les arbres rouge-gorgent
Dans ton œil vif

J’y dépose

des membres gorgés
deux chiens en bois
un sexe bleu et coincé
une claque équestre
sur des terres en feux

langues mûres
et bouches de pommes
se perdent dans le craquement
des feuilles de nos cheveux

et le ciel se doigte
sur nos soleils odorants

Montréal, Qc

 

Linakim Champagne

cent hommes s’enfargeront
vers la marée silencieuse
à l’émeraude de ton sexe
toujours en marge d’aveugles souvenirs

le corps de cette guerre
jusqu’à l’horizon regarde
tout est là

comme de rauques douleurs
encore luisantes au bout des doigts
je baverai le crépuscule
dans la mire d’une marquise
sans jamais te faire violence

Montréal, Qc

 

Philippe Chagnon

on éteint encore l’horizon
le recouvre de corps silencieux
qui reposent en douleur
les odeurs y sont spéciales
tulipe terre déchets printemps
qui se déprend

un faux œil de bois regarde cette guerre
tout est souvenir
surtout le sexe en soirée

sous des cris rauques
comme une bouteille de ketchup

Montréal, Qc

Aller au contenu principal