Comme une nouvelle chance de survie, la liberté grande ouverte au travers de cette porte entrebâillée, prendre la fuite et vivre de l’espoir, courir dans les champs, dans les rues. Là-bas, mon ombre se dissimulerait dans leur quotidien mais ici, les policiers, les pilotes d’hélicoptères, tous réunis avec un seul et même but : avoir quelque chose à raconter ce soir.
Ne pas vouloir mourir, est-ce le vrai crime ? Crever, au bout de mon sang, sans même verser une larme, sous l’œil attentif de ceux qui se féliciteront ensuite d’avoir bien fait ça, une fois de plus. C’est plutôt ça le drame – ne jamais pouvoir décider de son sort.
Au loin, je l’aperçois, beau et grand et fort et attirant surtout, mâle et séduisant, le taureau. Et moi, fragile, résister à la tentation, la raison plus forte que le cœur, reconnaître le piège, préférer encore la liberté. Sentir l’air frais du dehors, enfin. Le bleu du ciel, l’infini de l’horizon, tout est maintenant possible, l’idée de la mort n’existe plus.
Puis soudain, mauvais coup de dés, ce sont eux les gagnants. Tenter de les bousculer, leur faire comprendre que non, je ne veux pas retourner là où les jours sont comptés. Je veux vivre.
Trop tard. En cage. Je regarde à l’extérieur une dernière fois. Je suis déjà morte, un peu.
Texte publié dans le no 8 Jeudivers