English / Mi’kmaq
– Traduit par Janice Bujold-Barton
J’ai dû apprendre à m’y faire
une étape à la fois
Garder ma tête bien en l’air
Même si le diable en moi
Me ronge de l’intérieur
Parfois je prends du recul
Menton levé, sourire esquissé
En pleine bataille, un eurêka
Savoir que nul vainqueur n’en sortira
Le seul vrai adversaire, tu vois
Habite ton for intérieur
Une lutte qui dépasse l’ampleur
De la quête de richesses pour soi
Les opprimés n’ont point d’autre option
Au moment de prendre leur décision
Le choix auquel ils sont prédisposés
trahit qu’ils n’ont rien à perdre, tout à gagner
Et je préfère sans contredit
qu’on s’entoure de compassion
pour tendre la main aux démunis
Manque de tact dans leurs gestes posés
Avant que mon choix se soit arrêté
En cherchant un autre point de vue
Je veux creuser un peu plus
Établir un ultime but
Aborder les choses de tant de façons
Envisager comment Être
Se modeler une vie digne
De la Femme devant toi
Mon éthique découle
D’une progression en boucle
Fidèle aux leçons
Du chemin en progression
Et toi, tu fais quoi, hein ? Lève-toi – Debout !
Et elle, que dit-elle ? Quoi ? Elle se lève, debout !
Et lui, que fait-il ? Hop ! Il se lève, debout !
Et nous, nous allons où, dis ? DEBOUT ! Levons-nous debout !
J’ai toujours eu le don
Des envolées lyriques
Dans les vers mon refuge
Accueillir la beauté en déluge
Comme un rappeur rend hommage
À une chose ou l’autre par ses vers
Me fait croire en mes sœurs
Me fait croire en mes frères
Comme une fresque effleurée
Par le peintre et son pinceau
Quand sont tassés les débris
Que la poussière est partie
Les couleurs vives apparaissent
Ce qui devait y être reste
La vérité absolue fait fondre
Les détails les plus sombres
Ceux qui se plaisent à penser
Que les choses doivent rester
Telles quelles l’ont toujours été
Sont ceux qui redoutent
Les éventuelles plaies
Seulement, cette marque n’apparaît
Que dans un pays en renaissance
Nos pertes nous font évoluer
Nous encouragent à créer
Si tu te retrouves abandonné,
Amer, emprisonné
Par ceux convaincus du bon
Des pseudo-convictions
Je t’en prie regarde vers l’avant
Les choses sont difficiles maintenant
Mais tel un épaulard en puissance
Tu remonteras à la surface
Et toi, tu fais quoi, hein ? Lève-toi – Debout !
Et elle, que dit-elle ? Quoi ? Elle se lève, debout !
Et lui, que fait-il ? Hop ! Il se lève, debout !
Et nous, nous allons où, dis ? DEBOUT ! Levons-nous debout !
Mes premiers essais se sont dessinés
Avec stylo et cahier
À la table de cuisine
Des poupons sur la cuisse
Et quand Tupac s’est invité
Parmi Bruce et les autres,
La graine a germé et m’a donné
L’envie d’ajouter ma voix
À vingt-six ans,
On dira que c’était le bon temps
Éclats de rire de bébés sur un rythme lancé
Ma jupe qu’ils regardent virevolter
La naissance de Red Suga et
Ma trajectoire qui pivote ;
Une vie en marge à l’écart
Ce que la horde pourrait croire
Sauf qu’une âme en devenir
Est impossible à retenir
Elle veut transmettre sa vision
Élargir ses horizons
Partir à la recherche d’Autres
Ayant la même perception
Aider la nouvelle génération
À naviguer les eaux
Si je sais faire quoi que ce soit
Dans mon univers, mon monde
Qu’il s’en trouve meilleur un peu grâce à moi
En y faisant circuler les bonnes ondes
J’y consacrerai le temps qu’il faut
Pour atteindre cet horizon lointain
Comment vais-je faire ?
Je me lève… DEBOUT !
Phyllis Grant
Texte publié dans le No 17. Faire communauté