Haqq Brice Adeoye. Une seconde dans ma tête

Photo : Jocelyne Vautour

Et si j’étais un homme blanc
D’une vingtaine d’années
Avec un visage long et un peu d’acné
Une longue chevelure noire ramassée en queue de cheval
Beauté fatale au regard ténébreux

Et si j’étais une femme d’un mètre 80
À l’intelligence de Tesla Nikola
Aux lèvres pulpeuses, poitrine modeste, et courbes généreuses.
D’une couleur de peau miel-cannelle
Au charisme de Catherine Deneuve

Et si ma croyance n’était plus
Celle reçue dans mon enfance
Cette idéologie du paradis et de l’enfer
Du mal, du bien et des choses encore pires
Pour une éternelle réincarnation dans le-il, le-elle ou la chose

L’église le dimanche ou la mosquée le vendredi n’est plus ma cause
J’ai fait une pause dans cette réflexion pour une rééducation à l’élévation

Mais malheureusement
Le monde ne se construit pas de si et de si et de si
Mon dos se courbe et me pousse des ailes
Ma frousse s’en va au galop
Je souris et je fais du zèle

Mes pensées amassées se détassent
Se regardent et sont prêtes à en découdre en face-à-face
Pour la place de la première sortie de cette masse.
L’afflux sanguin est immense
Mon cœur bat la chamade

La bataille est intense
Les leadeurs ici sont : Courage contre Angoisse
De chaque côté on se tire dessus à coup de mots
Pou Pou Pou Pou
Mot à mot, mot pour mot
Il ne s’agit plus de la valse des mots d’entre temps

À présent de toute cette belligérance
Il ne reste que « Vas-y » et « Tu le peux » qui tiennent debout d’un côté
Et de l’autre côté « Ne fait pas ça » et « Ça ne fait pas de sens »
Tiennent la cadence
Une autre bataille risque de reprendre

Puis boom un troisième protagoniste vient d’apparaître
Entre Courage et Angoisse
Il s’agit de Pro-Cras-Ti-Nation
La suite de cette cogitation ?
Je ne m’en souviens plus

Une seconde venait de s’écouler dans ma tête
Puis plus rien

 

Haqq Brice Adeoye
Texte publié dans le No.22 Libéré(e)s sur parole : la récidive

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