Kirby Jambon. rêves de café

19h-20h
Lafayette, Louisiane, ÉUA
Une tasse de café est souvent à cote de moi pendant que j’écris. Ma première présentation de ma poésie était à un petit café. Je rêve d’avoir encore plus de temps pour écrire.
Kirby Jambon

(interrompu par un rêve de l’eau haute)

un gout de café dans l’air
une goutte de café inspire

j’inspire, je respire les
rêves de comment la vie
devrait être

les taches de la vie
de l’ouvrage qui tache
l’inspiration
ou
l’inspiration
tâche intégrale de la
vie

encore du café chaud
au matin toute l’année
(comme j’crois pas dans le temps de gombo n’en plus
c’est à dire qu’un bon gombo chaud est bon tout l’temps
but I digress)
encore (encore) du café chaud au matin toute l’année
café glacé pendant l’été pour qu’on évapore pas
dans la chaleur (ou condense dans les nuages d’orage)

Je rêve encore
comme les rêves qu’on fait pendant le temps de l’eau haute

se réveiller de bonne heure
avec les poules

se gratter la tête pour désabrier
l’idée cicatrisée par les soucis

du jour et du lendemain
qui tombent comme des peaux mortes

dessus les sourcilles et les paupières, un pichenique
le sommeil et la peur qui bloquent la vue

du voisinage trempé
par les larmes autant que

l’avalasse qui noie les rêves faits de bois
mais réclamés par la main d’un ami

en gants et bottes il trouve
une chère bébelle qui flotte

par-dessus les tracas des grandes personnes
pour l’agrément des petits et l’avenir

tout d’un coup, on entend la femme à coté dire « they don’t give a shit »
tandis que deux enfants en uniforme d’école
marchent dessus les tables, la femme parle asteure de
« bringing yourself to the Batcave »
(comme j’rêve souvent des temps simples de la jeunesse et quand j’étais Batman dans mon Batmobile qui cherchait des criminels dans les champs de cannes à sucre, et pis mon père criait pour rentrer nettoyer mon Batcave à moi)
(j’faisais comme j’comprenais pas)

c’est pas un dicton, « le plus que je connais, le moins que je comprends » ?
est-ce qu’on est fait pour comprendre ou yinque pour vouloir comprendre ?

je connais des enfants
beaucoup d’enfants
et des fois je les comprends itou
mais j’apprends tous les jours
ou je me trompe et j’essaie
d’apprendre de mon erreur
ou je laisse l’erreur
devenir la peur
la maudite peur c’est la
source du mal, tout mal
la maudite discrimination
la maudite incarcération
la maudite persécution de
l’immigrant, du refugié
de l’étranger
la maudite, la maudite, oh oh la maudite guerre !
(ouais, j’ai chanté ces paroles-là)

fuck la peur !
il faut vivre

comme Sean Connery à Kevin Costner
« à la fin d’la journée, tu rentres chez toi vivant »
ça fait, j’ai réussi à suivre règle #1

vivant comme cette jeune femme hispanophone qui parle fort au téléphone
en marchant le plancher du café
vivant comme une autre qui appelle quelqu’un pour lui demander de donner
à manger au chat
et pour dire « je t’aime »

je t’aime, je t’aime, je t’aime
je le dis souvent
avec espoir que mon sentiment est vrai
comme mes rêves au café
j’ai espoir qu’ils sont vrais

mais ces jours-icitte y’a beaucoup d’misérables qui ont
« rêvé d’une autre vie mais la vie a tué leurs rêves »
(ouais, j’ai chanté ça aussi)
si on peut avoir tous le courage et la conscience et la force de Jean Valjean
que la force soit avec nous !
la force de compassion
la force de Let it be

la peur s’en va un peu
la peur de la pluie était fausse
on a resté sec dehors le café
la peur de la chaleur était fausse
il y a même une petite brise
(le café glacé était pas nécessaire)

ça fait on peut essayer de vivre
comme si toutes les peurs sont fausses
si tous les beaux rêves sont vrais

je remercie le café

 

 

Kirby Jambon
Texte publié dans le N0.21 Acadie24

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