Maurice Raymond. Cartoonesque

Maurice Raymond

(Sonnet épique à la mode de
Queneau – avec apparat critique)

Un Estonien perdu dans la fumée d’un’ guerre
Opiniâtre et cruell’… (sa femm’ l’était aussi…
Qui lui interdisait de sucer sa cuillère
Alors qu’il dévorait son ragoût de pourcie1)

Un Estonien perdu donc… la langue pendouill-
Ante le dos courbé… trist’, les lèvres marmonn-
Antes (tout en se grattant féroc’ment les couilles
Et poussant des soupirs… et rêvant à la bonne2…)

Un Estonien perdu… cherche la ville de…
Où il a emprunté un roman de Vilde
Il voyage cent ans3… arrivent4 à Tallin

Il croise le regard d’Ivika la Turquine5
Et mesur’ son retard… s’excuse mollement…
Fouille sa poche en vain… puis s’enfuit en courant6.

 

1 Cochon de mer… [C’est ma contribution acadienne au « poème »… Cf. Le Glossaire… de Pascal Poirier.] 2 L’imagerie d’ensemble et le lexique de cette strophe (plus ou moins sacrilège…) sont empruntés à Victor Hugo…
3 Exagération épique… Le voyage réel du malotru ou du gougnafier n’a duré que 69 ans…
4 Juste avant son arrivée, il est rejoint par la bonne… d’où le pluriel…
5 Surnom donné à ladite bibliothécaire, en raison de ses yeux d’un bleu foncé et de son patronyme (Turkson).
6 Ce qui est en soi un exploit pour un centenaire (qui vient s’ajouter à ses prouesses sexuelles…). N’oublions pas que le poème est épique…

 

Maurice Raymond

Texte publié dans le no 8 Jeudivers

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