Martin Roy. L’envol

Photo : Jean-Pierre Caissie

regarde le papillon
prendre son envol

affranchi des amours plaques tectoniques
entre satin des étreintes et paroles sanguinaires
j’ai cru en nous
triomphe des rameaux et chemin de croix
jusqu’au Golgotha des orages

nos ombres
impénétrables
auront scellé notre sort

le sceau
marquant d’un trait final
notre bonne entente

cette route
longue et sinueuse
que je connais par coeur
broussailles et vents contraires
voyage vers un bonheur nouveau

dont je n’ai pas encore la clé

***

solitude couteau dentelé
confiné dans un silence monastère

nu
je me vois dans un miroir
pour la première fois

ce fauve le bonheur*
qui me traque
contre lequel je livre
le combat
serais-je devenu fou…

fais-moi danser**
afin que j’oublie
qui j’étais
avant

fais-moi danser encore
pour que je cesse enfin de mourir
pour que Sainte-Cécile
en son manteau multicolore
sonne le glas des mauvais présages

***

les cloches montent la garde
les éoliennes au diapason des jours tranquilles
je ne crains plus la brume
sur l’écume de mes recommencements

loin des terres
j’ai trouvé mon île
des cruches généreuses déversent sur ma tête
le baptême d’une vie nouvelle

les amours anciennes
bienveillantes
viennent à ma rencontre

regarde le papillon
prendre son envol…

je suis peut-être enfin libre

 

Martin Roy

Texte publié dans le No 9 de la revue Ancrages

 

* Référence à Denise Desautels

** Référence à Marie-Jo Thério

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